DECLARATION RELATIVE A LA NECESSITE DE LA TENUE D’UN DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE.
Avec le recul qu’il a, désormais, sur la vie politique et publique de
la République Centrafricaine, l’ancien Président François BOZIZE
YANGOUVONDA a fait valoir, dans un Mémorandum publié en date du 24
Novembre 2016, que le seul atout, pour une sortie durable et sincère de
la crise multidimensionnelle que traverse notre pays, reste et demeure la
convergence de tous les acteurs décisionnels centrafricains dans un
dialogue qu’il a dénommé : Dialogue Politique Inclusif(DPI) c’est-à- dire
un espace ouvert à toutes les filles et à tous les fils, sans exclusive, de la
République Centrafricaine.
Il n’échappera à personne que l’ancien Président BOZIZE n’a
nullement eu la prétention de définir, à aucun moment, les termes de
référence ou le cadre de ce dialogue, qu’il voudrait inclusif, permanent
et continu et qu’il appelle de ses vœux. Il recommande simplement un
procédé et il appartient aux acteurs intéressés d’en donner le contenu, le
sens et les orientations afin de mutualiser la démarche vers la paix.
Est-il besoin de rappeler l’important message, adressé par le Saint-
Père, à l’occasion de la Rencontre Internationale pour la Paix organisée
par la Communauté Sant Egidio en Septembre 2013, qui est d’une
brûlante actualité : "Dans le monde, dans les sociétés, c’est
également parce que le dialogue est absent qu’il n’y a pas de
paix; on peine à sortir de l’horizon étroit des intérêts personnels
pour s’ouvrir à une confrontation véritable et sincère. La paix
exige un dialogue tenace, patient, fort, intelligent pour lequel
rien n’est perdu.
Le dialogue peut vaincre la guerre, le dialogue fait vivre
ensemble des personnes de différentes générations, qui
s’ignorent souvent ; il fait vivre ensemble des citoyens de
diverses origines ethniques, de convictions différentes. Le
dialogue est la voie de la paix ; parce que le dialogue favorise
l’entente, l’harmonie, la concorde et la paix. C’est pour cette
raison qu’il est vital qu’il grandisse, qu’il s’étende aux personnes
de toutes conditions et convictions comme un réseau de paix qui
protège le monde et surtout qui protège les plus faibles". Fin de
citation.
Or, le débat public du 17 Décembre 2016 de l’émission dénommée
PATARA organisée par la Radio NDEKE LUKA sur la proposition du
dialogue faite par l’ancien Président BOZIZE, a révélé par la voix du
Conseiller Spécial du Président de la République, M. Fidèle GOUANDJIKA,
que le Gouvernement Centrafricain n’est pas favorable à donner du sens
et du contenu à l’appel au Dialogue Politique Inclusif lancé par l’ancien
Président BOZIZE.
A écouter le Conseiller Spécial du Président de la République, qui
n’est autre qu’un ancien collaborateur de BOZIZE, en qualité de
Superviseur Général de la Convergence KNK et plusieurs fois Ministre
jusqu’à l’arrivée au pouvoir des SELEKA en Mars 2013, nos gouvernants
sont, en permanence, dans une posture d’amalgames, de positions
tranchées et de suspicions entretenues sur des prétendues intentions
qu’on qualifie toujours de supposées ou cachées.
Il y a, malheureusement, lieu de constater, que la proposition du
dialogue lancée par le Président BOZIZE, devenue nécessaire voire
incontournable dans le contexte actuel de notre pays, il est inimaginable
qu’il puisse être rejeté par les adeptes des déclarations diabolisantes et
accusatoires qui semblent émerger et gagner progressivement même
nos gouvernants.
Comme l’on peut s’en rendre compte, la confirmation de cette ligne
politique, intensifiée par les nouvelles autorités se trouve dans
l’argumentaire du Conseiller Spécial du Président de la République qui a
clairement déclaré que le Gouvernement a choisi, désormais, de bâtir
son action politique, en priorisant seulement le dialogue avec les groupes
armés à travers la mise en œuvre du DDR-R, tel qu’ils l’ont convenu en
leurs seins et non tel que la Représentation nationale ou la concertation
politique nationale aurait pu en convenir s’ils y avaient été associés.
C’est dans ce sens, que le Gouvernement, selon les propos du
Conseiller Spécial, aurait même déjà obtenu l’adhésion de tous les
groupes armés y compris celle de M. Nourredine ADAM qui s’est illustré
et continue de s’illustrer comme un criminel patenté et promoteur de
l’idée de la partition de la République Centrafricaine.
Comme une cerise sur le gâteau, M. GOUANDJIKA a, même, lors de
cette émission, révélé que l’ancien bourreau du Peuple Centrafricain
Nourredine ADAM, pourtant sous sanction onusienne et faisant l’objet de
poursuites judiciaires, au même titre que l’ancien Président BOZIZE,
avant de signer un quelconque acte réconciliateur, voudrait s’assurer que
des mesures soient prises pour la garantie de sa liberté. En d’autres
termes, il pose des conditions en rapport avec sa personne avant
d’envisager d’engager le pays dans la voie de la paix.
Alors, se pose la question de savoir au nom de quelles valeurs, M.
Nourredine ADAM peut-il devenir un interlocuteur privilégié du
Gouvernement Centrafricain et exprimer des exigences d’une telle
nature pour se soustraire de toutes procédures judiciaires et que dans le
même temps, l’ancien Président BOZIZE serait irrecevable, dans ses
recommandations, lorsqu’il prône les vertus du dialogue inclusif, sans
pour autant poser des réserves, des conditions ou des exigences liées à
sa personne ?
Il apparait, dès lors, que le Gouvernement Centrafricain tout en
pratiquant une politique discriminatoire et favorable aux bourreaux,
opprime les légalistes, en montrant qu’il a fait le choix de ses
interlocuteurs qui ne sont autres que ceux-là mêmes qui ont massacré,
tué, pillé et violé.
Notre formation politique admet, dès lors, qu’il est tout à fait du
droit des nouvelles Autorités de notre pays d’idolâtrer Nourredine ADAM
ainsi que les autres criminels et de renier l’ancien Président BOZIZE
comme l’a fait, sans état d’âme et sans pudeur, Monsieur
NGOUANDJIKA, en déclarant à l’antenne de NDEKE LUKA, "avoir fait
partie de ceux qui ont applaudi à l’entrée des SELEKA à Bangui" ;
puis d’ajouter avec cynisme : "la prise de pouvoir par la SELEKA est
une bonne révolution qui a mal marché’’. Fin de citation.
Si le reniement est dans la nature de l’homme, il est regrettable
que l’offre de Dialogue Politique Inclusif faite par l’ancien Président
BOZIZE soit reçue avec toutes les suspicions allant jusqu’à lui nier la
bonne foi d’un homme dont, pourtant, la prise de parole est
incontournable pour l’instauration de la paix en Centrafrique.
C’est ici l’occasion d’apporter quelques précisions d’ordre juridique
et constitutionnel pour éclairer la lanterne de ceux ou celles qui
continuent de soutenir l’idée selon laquelle, Monsieur BOZIZE, qui serait
sous le coup d’un mandat d’arrêt et sous sanction de l’ONU, ne serait pas
qualifié pour prendre part à un quelconque dialogue.
Or, ni un mandat d’arrêt, ni une sanction onusienne ne peuvent
être ni des sources, ni des causes de déchéance des droits civiques et
politiques d’un individu non encore condamné et donc bénéficiant du
principe intangible et universel de la présomption d’innocence. C’est dire
que l’ancien Président BOZIZE est, bel et bien apte à participer à un tel
dialogue, si tel était le souhait de sa contribution à la consolidation de la
paix en RCA.
Le fait de lui interdire le retour dans son pays natal n’est ni plus ni
moins un moyen de contraindre ce dernier à l’exil en violation flagrante
et grave de la Constitution du 30 Mars 2016 qui stipule en son article 5
alinéa 3 : "Nul ne peut être contraint à l’exil".
S’agissant plus spécifiquement des sanctions contenues dans la
Résolution 2196 de l’Organisation des Nations Unies (ONU), il a été
prévu des exceptions. En effet, les mesures imposées par le paragraphe
3 de ladite résolution ne s’appliquent pas dans les cas suivants :
1) Lorsque le Comité des sanctions établit, au cas par cas,
que le voyage se justifie par des raisons humanitaires, y
compris un devoir religieux ;
2) Lorsque l’entrée ou le passage en transit sont nécessaires
aux fins d’une procédure judiciaire ;
3) Lorsque le Comité des sanctions conclut, au cas par cas,
qu’une dérogation favoriserait la réalisation des objectifs
de paix et de réconciliation en RCA et la stabilité dans la
région.
La question se pose de savoir en quoi la participation de l’ancien
Président BOZIZE au dialogue constituerait-elle un obstacle à
l’accomplissement des objectifs de paix et de réconciliation en RCA ?
Or, en dépit de tout et en dernier ressort, il appartient aux
Centrafricains et à eux seuls, à travers l’expression politique et
patriotique de leurs représentants, de désigner légitimement la nature et
l’identité des obstacles à la matérialisation de la paix et de l’unité
nationale dans leur pays.
C’est pourquoi, loin d’être un dialogue de trop, et se situant après
le Séminaire National de Réflexion de 1980, le Grand Débat National en
1992, le Dialogue de 2003, le Dialogue Politique Inclusif de 2008 et le
Forum de Bangui de 2015, le Dialogue Inclusif proposé par le Président
BOZIZE, consiste à créer un cadre inclusif, continu et permanent qui
serait le nouveau "Contrat Social inter-centrafricain", qui gèrerait les
suites de la grave crise que notre pays a traversé et qui préviendrait les
dérives ou les difficultés ultérieures qui pourraient survenir contre une
sortie de crise définitive et stable.
Notre formation politique est, encore plus, convaincue et
déterminée à étendre les vertus et les valeurs du Dialogue Politique
Inclusif, permanent et continu, comme seule voie indispensable de
règlement de la crise centrafricaine.
Le KNK saisit cette occasion pour lancer un appel à toutes
personnes acquises aux vertus du Dialogue Politique Inclusif, continu et
permanent, à toutes les organisations nationales et à tous les
partenaires souhaitant le retour de la paix et de la convivialité dans
notre cher pays, la République Centrafricaine, de se mobiliser,
d’exprimer librement et massivement leurs ardents désirs pour la
réalisation de cet idéal commun.
Fait à Bangui, le 29 Décembre 2016
Pour le Bureau Politique
Honorable Bertin BEA
Secrétaire Général,
Ancien Ministre.