CENTRAFRIQUE : LES PARRAINS ET LES APPRENTIS-SORCIERS

Publié le par taka parler

Barthélemy Boganda
Barthélemy Boganda

BOGANDA, REVIENS ! ILS SONT DEVENUS FOUS !

C’est une cacophonie indescriptible qui a pris possession de la République Centrafricaine. Un tintamarre assourdissant de diktats et de vociférations qui semble avoir envahi l’espace politique, compromettant ainsi les espoirs de paix soulevés par le Forum de Bangui.

Alors que le pays est encore sous perfusion, que les cendres de la terreur fument encore, que l’insécurité est loin d’avoir disparu, les habitants de Boy-Rab sont pris en otages par des bandes armées, identifiées comme antibalakas. Il est vraisemblable qu’elles sont manipulées et financées par ceux qui ont été chassés du pouvoir.

Car ces gens-là feront tout pour maintenir le pays dans un état de désordre, de façon à tenter des coups de force pour revenir en première ligne. Quant aux régions minières, elles sont aux mains de séparatistes qui se livrent au trafic de diamants, pour se fournir en armes et perpétuer le chaos.

En outre, un confrère du site Afrique News, Francis Lingbima, rapporte, dans un article daté du 5 juin 2015, qu’un casque bleu marocain est soupçonné de viol sur enfant – alors que les enquêtes sur les précédentes agressions sexuelles commises par des soldats sur des enfants centrafricains semblent piétiner.

La paix est donc encore bien loin de revenir.

C’est précisément ce moment qu’ont choisi les Parrains du gouvernement de la Transition pour se livrer à des gesticulations et à des pressions politiciennes sur les autorités du pays.

La France, la première, se désengage, sans pour autant avoir achevé sa mission de paix en Centrafrique. Et avec une image très abîmée, à la suite des soupçons de pédophilie visant certains soldats de la force Sangaris. C’est un retrait qui ressemble fort à un aveu d’échec. Malgré sa longue occupation du pays des Bantous, la France reste, décidément, bien ignorante de la psychologie des Centrafricains.

Comment peut-elle avoir oublié que c’est un peuple particulièrement pugnace, qui a su résister aussi bien aux esclavagistes occidentaux qu’aux razzias arabes ? Est-ce qu’il faut rappeler la résistance farouche qu’il a su opposer aux colons français, avec, à sa tête, le guerrier Karinou lors de la guerre du Kongo Wara ?

Il ne faut pas l’oublier : ce qui constituait l’Oubangui à l’époque, devenu République Centrafricaine aujourd’hui, comprenait différentes ethnies, réfugiées dans l’épaisse et hostile forêt équatoriale pour se mettre hors d’atteinte des esclavagistes. Elles sont parvenues à créer une langue commune, le Sango, et à bâtir une nation. Cas extrêmement rare en Afrique, la langue ainsi créée, véritable ciment entre les ethnies, est devenue la langue nationale de la R.C.A.

ERREURS D’APPRÉCIATION

Au début de l’opération Sangaris, les autorités françaises, prisonnières d’une trop grande confiance dans leurs propres forces, ont déclaré qu’elles se donnaient six mois pour pacifier le pays des Bantous.

Un an et demi, plus tard, force est de constater que cette mission s’est enlisée. On a même pu lire ces temps-ci sur les réseaux sociaux une déclaration anonyme de militaires français : « Nous, militaires français, demandons à la France de stopper sa stratégie d’occupation du territoire centrafricain… »

C’est un comble ! Des éléments issus de la Grande Muette qui contestent une intervention de leur propre pays ! Décidément, rien ne semble se passer en Centrafrique comme on pourrait s’y attendre…

En fait, les experts occidentaux, autoproclamés spécialistes de l’Afrique centrale en général et du Centrafrique en particulier, n’ont qu’une connaissance livresque de ce peuple. Ils se trompent tous, abusés par une vision purement européenne et totalement néocolonialiste.

Il serait grand temps de faire appel à de véritables spécialistes centrafricains, comme le Professeur Yarisse Zoctizoum, auteur d’une magistrale Histoire de la Centrafrique, ou d’autres experts centrafricains, pour parler de leur pays. Qu’on cesse d’inviter sur les plateaux de télévision des soi- disant spécialistes qui ne peuvent que perpétuer une image déformée et néocoloniale de la République Centrafricaine et de son peuple.

POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION NATIONALE

Depuis la fin du Forum de Bangui, les politiciens professionnels ont kidnappé la parole du peuple. Pendant les consultations à la base, tout le monde se félicitait de ce que, pour la première fois, on interroge la population. Elle a pu, ainsi, émettre des recommandations pleines de bon sens.

Mais…où sont-elles ?

Depuis la fin du Forum, on n’entend plus que le charivari des assoiffés du pouvoir. Or, tant que les dirigeants d’aujourd’hui et ceux de demain ne prendront pas conscience que c’est le peuple qui leur a donné mandat, l’instabilité risque de perdurer.

Il faut que le Gouvernement de la Transition communique mieux. Il faudrait qu’à chaque rumeur, à chaque déformation de l’information par ceux qui veulent perpétuer, le chaos, on puisse entendre une déclaration gouvernementale qui viendrait les démentir et les stigmatiser. Le Gouvernement de la Transition doit se faire le porte-voix du peuple en prenant en compte ses souffrances.

NÉGOCIATION DU PREMIER MINISTRE AVEC LES BANDES ARMÉES ?

Est-il vrai que le Premier Ministre négocie avec les bandes armées, auteurs de la calamité qui frappe le Centrafrique ?

Si tel est le cas, si on accepte de négocier avec des individus dont certains membres sont convaincus de crimes de sang contre l’humanité, on y va avec une longue fourchette, on ne se précipite pas, on prend la peine de demander son avis à la population.

Et si négociations il y a, il faut qu’elles aboutissent au désarmement sans condition et à l’arrestation des criminels.

C’est uniquement si elle tient un langage de vérité à l’égard de son peuple que la République Centrafricaine pourra à nouveau rassembler ses enfants dans la paix et la concorde. Car c’est le peuple qui détient le vrai pouvoir, c’est-à-dire le droit. A l’occasion, face aux trahisons, il saura se faire entendre. Dans la rue.

Le Père fondateur de la République Centrafricaine, Barthélémy Boganda, avait l’habitude de dire : «… Libérer l’Afrique et les Africains de la servitude et de la misère : tels sont ma raison d’être et le sens de mon existence… »

Puissent les politiciens centrafricains suivre ces principes et les mettre en application !

ALLA GBOU NI NGANGOU. ALLA ZIA NI A TI A PE !
(Tenez bon. Ne laissez pas tomber !)

AKOUISSONNE JOSEPH
afrique news info

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