CENTRAFRIQUE: SANI YALO SE LIVRE A CŒUR OUVERT , JE VIENS REDRESSER UNE MAISON QUE JE CONNAIS
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Diaspora-Magazine/ Dès sa prise de fonction, le nouveau président du comité de Normalisation des activités du Bureau d’Affrètement Routier Centrafricain (BARC), Monsieur Sani Yalo issu de la grande famille des transporteurs Centrafricains a mis en place un plan pour de profondes réformes du secteur des transports qui n’a pas échappé à la dernière crise dévastatrice. Sani Yalo accepte très volontiers de répondre à nos questions sur les défis qui s’imposent à lui.
Diaspora-Magazine (D.M.) : Monsieur Sani Yalo, qui êtes- vous ?
Sani Yalo (S.Y.) Je suis Sani Yalo de nationalité centrafricaine ayant étudié et grandi à Bangassou dans le Mbomou. J’ai été élevé chez les prêtres ; Je suis un homme ordonné et éclairé.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai commencé mes études primaires à Bangui, puis j’ai poursuivi le collège et le secondaire à Bangassou. Après je suis rentré à Bangui en 1978, pour m’inscrire au lycée des Martyrs qui était avant le lycée Jean Bedel Bokassa à l’époque. Par la suite, j’ai eu la chance de partir en Europe où j’ai continué mes études là-bas et après mes études supérieures, je suis parti travailler en Afrique du Sud. Dans les affaires, j’ai d’abord travaillé chez TEXACO pendant 7 ans en tant que directeur d’exploitation. Après je suis rentré à Bangui fin 95. C’est quand il y a eu la mutinerie et après cette période que je me suis installé à mon propre compte. J’ai créé une société SICOTRANS. Je me suis lancé dans le commerce et le transport comme on le dit tout bon musulman a toujours le sang du commerce dans ses veines, j’ai commencé par le transport et je suis transporteur jusqu‘aujourd’hui, j’ai une vingtaine de camions. Au fil du temps, je me suis lancé dans le pétrole en créant ZONGO OIL. Cette société a fait couler beaucoup d’encre ; je me souviens encore en 98-99 c’était ZONGO OIL qui était à la une de tous les journaux.
D.M. : L’affaire de ZONGO OIL a fait couler beaucoup d’encre certes. Que s’est-il réellement passé sur cette affaire ?
D’abord « ZONGO OIL », c’est une société privée de droit centrafricain. Cette société n’a jamais travaillé pour l’Etat, elle n’a jamais été récolteur d’impôt pour l’Etat. Par contre c’est un redressement fiscal à une société privée de 95.000.000 Fcfa. Je me souviens à l’époque où Dologuélé était Premier ministre Chef de gouvernement, il y avait eu un contrôle des douanes. Vous savez l’affaire Zongo oil était une affaire commerciale qui s’est transformée en affaire politico commerciale. Vous comprenez aisément que c’est toujours la guerre entre l’entourage des chefs d’Etat, chacun cherche à se positionner. C’est vrai, j’étais très proche de feu président Patassé, d’où cette guéguerre a commencé, il fallait créer une situation. C'est-à-dire que les gens ont ourdi une conspiration la nuit pour légaliser par un feuilleton judiciaire de redressement fiscal qui s’est transformé du jour au lendemain à un détournement mais on ne peut jamais matérialiser avec preuve que ZONGO OIL ou Monsieur Sani Yalo a détourné l’argent de l’Etat. En toute vérité, il n’a Jamais eu du flou dans mes activités. En 2006 on disait que j’étais dans la visière de la justice de mon pays qui me cherchait. Je me suis rendu moi-même pour donner ma version des faits sur l’affaire ZONGO OIL et on a fait toutes les procédures durant quelques mois, après j’ai eu un non lieu. Ceux qui m’ont combattu hier, ce sont ceux là qui font aujourd’hui le commerce du pétrole à Zongo (Congo Zaïre). Je suis blanchi par la justice de mon pays, je n’ai jamais été condamné sur cette affaire. Aujourd’hui je peux me vanter que dans l’histoire de la République Centrafricaine il n’y a que deux centrafricains qui ont accepté de revenir devant la justice de leur pays étant en France de donner leur version de fait à la justice.
C’est qui et qui ?
Rire…Le président Jean Bedel Bokassa et Sani Yalo. Qui dira le contraire?
Aujourd’hui vous êtes le Président du comité de normalisation des activités du BARC, est- ce que vous pouvez nous présenter la situation de cette société à l’heure actuelle ?
BARC, c’est une maison que je connais, d’abord je suis transporteur moi-même. Aujourd’hui parmi les transporteurs nationaux centrafricains et quand je parle des nationaux ce ne sont pas des gens qui se sont naturalisés. Je suis Centrafricain de naissance et aujourd’hui nous sommes peut être trois centrafricains à tenir tête aux Libanais et aux camerounais qui essaient maintenant de squatter notre maison qui est le BARC et le quota des transports. Et quand vous voyez maintenant dans l’actionnariat du BARC, vous allez voir un certain nom qui s’appelle Sani Yalo, l’actionnaire numéro deux également vous allez voir monsieur Mahamat Yalo qui est mon père. Il y a, à peu près, 28 actionnaires transporteurs du BARC. Mes parents, mes oncles, nous sommes treize actionnaires dans cette affaire donc vous voyez la proportion. On est quand même important dans la teneur du BARC. Et également je suis transporteur, je connais cette maison, c’est à l’issue des crises à répétition au sein du BARC, il y avait aussi un conseil d’administration régulièrement établi. Je sais, c’était Monsieur Grezenguet qui était président du Conseil d’administration, après il a un vice président transporteur, Monsieur yongoro qui est devenu député. Après il y a eu une assemblée générale qui a remplacé MM. Grezenguet et Yongoro. Parce que sa fonction de député était incompatible. Après, il ya eu trop de désordres d’où maintenant le gouvernement a décidé de mettre de l’ordre au BARC.
Le gouvernement est actionnaire majoritaire, il ya les transporteurs dont moi-même figure dans la liste. A ce moment là, il fallait désigner quelqu’un pour normaliser les activités du BARC, préparer l’Assemblée Générale, faire un peu l’état des lieux d’où le choix s’est porté sur moi. J’ai accepté la mission et je viens redresser une maison que je connais, je suis vraiment triste de voir cette maison en état de ruine et j’ai accepté la mission qui m’a été confiée. Je dois m’atteler à relever des grands défis, car, les chantiers sont énormes pour tirer le BARC de ce gouffre. Au BARC, j’ai une mission de 6 mois pour redresser la situation et il me reste aujourd’hui 5 mois devant moi. Je suis en train de mettre de l’ordre. Très bientôt, je vais produire mon rapport d’activité. Je mène ces activités avec mes frères et sœurs qui travaillent avec moi au BARC. Il faudrait qu’ils acceptent toutes ces reformes entreprises. Il y a des mécontentements, ce n’est pas parce qu’on fait des reformes qu’on n’aime pas quelqu’un, non, c’est tout simplement pour améliorer les conditions de travail de tout un chacun et dans l’intérêt suprême de l’entreprise.
Quels sont les défis qui s’imposent à vous ?
D’abord, l’état de délabrement avancé du bâtiment du BARC en dit beaucoup. Quand vous regardez la maison de l’extérieur vous pouvez conclure que rien ne va à l’intérieur. Déjà, en priorité, je suis en train d’échanger avec tous les personnels et vérifier les comptes du BARC. Depuis la création du BARC jusqu’en 2012, il a fonctionné avec 48 personnels, de 2012 à 2016 ils sont à 84 qui travaillent pour le BARC vous voyez que c’est énorme, avec une masse salariale qui absorbe 73% de chiffres d’affaire mensuel. Il y a les impôts, les droits légaux et les TVA qui constituent des charges à supporter. Et quand vous faites le versement de tout ce qui est droits sociaux et des TVA et autres cela veut dire que vous êtes déficitaires. Donc, je compte d’abord discuter avec mes frères, je ne suis pas venu mettre les gens au chômage, je suis venu redresser une situation. Il y a des indemnités auxquelles les gens n’avaient pas droit, il ya également des diplômes ou les postes que les gens occupent. Il y a ceux qui n’ont pas la capacité intellectuelle d’assumer ces fonctions et qui continuent d’occuper des postes de responsabilités comme s’il ya eu un traitement de faveur. Il faut que je rétablisse l’ordre. Maintenant, quand vous allez sur les comptes clients, il y a des clients qui doivent de l’argent depuis 2010 jusqu’aujourd’hui et qui ne font pas signe de payer. Le chantier le plus dur, c’est avec les banques de la place, qui ont prêté de l’argent aux transporteurs avalisées par le BARC depuis 2011 d’un montant de 800 millions de Fcfa. Nous sommes en 2016, le crédit était de 36 mois qui devait être apuré ou bien payé en totalité en 2014, nous sommes en 2016 ce crédit est remboursé seulement en partie. Aujourd’hui, la banque réclame un capital de 1,71 milliard de Fcfa hors intérêt et ajout et si vous ajoutez les ajouts intérêt nous sommes à un milliard quatre ou cinq, ces camions ont été financés, ils roulent mais ils ne font pas de versement pour pouvoir payer leur crédit et aujourd’hui le BARC est en difficulté par rapport à ça. En clair, il faut préparer 1,5 milliard de FCFA pour payer ce crédit. N’oubliez pas que le BARC avait un dépôt à terme (DAT) ou la garantie peut se jouer à tout moment mais je suis en négociation avec ces banques pour trouver une solution. Le BARC et les transporteurs ont des responsabilités. Et la banque a une responsabilité aussi, les lois sont claires. On t’accorde un crédit, au bout de trois échéances non payées la loi ou le règlement de la COBAC dit qu’il faut déclasser ce crédit et l’approvisionner lorsqu’un crédit n’est pas remboursé au bout de trois échéances. Je pense que la banque ne l’a pas fait depuis, maintenant il faut entrer en négociation avec les banques de la place et trouver des solutions consensuelles.
Comment peut-on gérer le secteur du transport dans un pays post conflit où les tensions intercommunautaires règnent encore ?
Vous savez, le transport c’est un secteur névralgique pour le développement de la RCA. N’oublions pas que nous sommes un pays enclavé au milieu de l’Afrique. On n’est pas proche de la mer, on n’a pas de chemin de fer donc notre seul moyen de communication c’est le transport terrestre. C’est vrai, le transport fluvial dure cinq mois à 6 mois dans l’année, mais le transport terrestre entre Douala, le soudan et le Tchad c’est douze mois sur douze. Si on n’est pas fort, les autres vont nous avaler, je dirais à mes frères centrafricains unissons nous, faisons la chaine d’union, entendons- nous pour le développement de notre pays.
D’aucuns pensent que vous n’êtes pas à la hauteur de diriger une société pareille ?
Vous savez, ceux qui se posent des questions ne connaissent pas le dossier. Il faudrait se rapprocher de nous pour connaitre la réalité, ce que s’est le BARC. Je vous ai dit tout à l’heure que moi Sany Yalo, et mes parents, sommes des actionnaires de cette société, on est associé avec l’Etat. Aujourd’hui, ce n’est pas étonnant qu’un des actionnaires devienne président du conseil d’Administration ou bien président du conseil de normalisation pour une durée bien déterminée. Je suis bel et bien Président du conseil de normalisation des activités du BARC qui fait office du conseil d’Administration.
Votre dernier mot ?
Mon appel va beaucoup plus à l’endroit de mes compatriotes musulmans centrafricains mais pas tous, beaucoup plus les musulmans égarés qui utilisent le nom de l’islam pour pouvoir commettre de crimes comme on le dit chez nous la religion ne fabrique pas les criminels mais ce sont les criminels qui prennent la religion comme alibi pour commettre leur crime. Il faut qu’ils arrêtent de prendre la communauté musulmane en otage, nous sommes un pays à majorité chrétienne c’est vrai les musulmans ont leur place mais il faut être un musulman modéré, un musulman qui vit avec les autres. Les histoires d’aller en brousse pour faire la partition du pays c’est du bluff, il faut qu’ils arrêtent de faire souffrir le peuple. Le monde doit évoluer sans la violence.
Source: Herve Serefio
Diaspora Magazine