REQUISITOIRE D'UNE TRANSITION CHAOTIQUE.
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La mauvaise gouvernance du régime de l'époque a eu pour conséquence l'invasion du pays des groupes armés et incontrôlés de la Séléka. Cette nébuleuse gérée par un Président autoproclamé a instauré une République qui n'est pas répertorié dans le registre des Etats. Face à cette confusion totale, les chefs d'Etat de la sous région ont organisé un coup d'Etat légal pour ramener le pays à la légalité constitutionnelle. Dans ce contexte, le choix de gérer la destinée de la nation s'est porté sur une femme, une mère sur qui pesait l'espoir de tout un peuple. Le désespoir et le désarroi étaient au rendez-vous le plus tôt que prévu. On a très vite constater le retour à la manoeuvre des retraités de son ethnie qui n'ont plus rien à prouver en terme de compétence. Son cabinet est majoritairement composé des anciens hommes de la Séléka qui ont plongé le pays dans l'indescriptible. Ensuite, la presse nous révèle la célèbre affaire de détournement des fonds provenant de l'Angola : c'est "l'angolagate". On remarque au passage que les femmes ne savent pas voler. Paradoxe, quand il s'agit de tromper leur mari, les femmes s'organisent méticuleusement dans un anonymat incompréhensible, mais s'il s'agit de détourner de l'argent, elles perdent les pédales au point d'oublier les procédures basiques d'encaissement des aides et dons provenant d'un Etat étranger. Les problèmes des déplacés et des réfugiés ne sont pas réglés, la transition est incapable de mettre en place les forces de sécurité nationale. Pire est de constater que le pays a une mauvaise tradition héréditaire : tous les enfants des chefs d'Etat ne fussent qu'un seul excellent dans la gabegie financière et la violation des droits de l'homme. Je vous promet que dans les jours à venir, les enfants et/ou l'entourage du nouveau chef de l'Etat entreront sur la scène pour jouer leur partition. Le peuple centrafricain a vécu une transition interminable et inachevée où on relève le manque de volonté des acteurs à atteindre leurs objectifs, on assiste par ailleurs à un pilotage à vue d'une nation, une confusion totale au sommet de l'Etat entre l'intérêt général et l'intérêt particulier. L'élection de la présidente de la transition par le conseil national de transition a pris le caractère d'une élection nationale et la transition prend de facto la forme d'un mandat normal prévu par la constitution. A l'instar du Burkina faso, (pays des hommes intègres) qui a géré une transition identique à la notre mais en une année, notre transition s'est caractérisée par des actes sans emprunte sur l'avenir immédiat du peuple. On a sollicité les services de deux premiers ministres en un peu plus de deux ans. Cela démontre un manque de sérieux et de repères dans le choix du locataire de la primature. S'agissant du bilan de la transition centrafricaine, elle est égale à la dérivée d'une fonction constante. En d'autres termes, le bilan est nul et doit constituer un facteur de honte pour les différents acteurs. Comme le ridicule ne tue pas dans le pays de Boganda, la présidente de transition se permet nonobstant cet amer constat de proposer ses services à la communauté internationale lors de son passage aux Etats-unis. Qu'est ce que la présidente de transition peut espérer vendre comme compétence et/ou expérience ? La transition a été incapable pour rétablir la paix, la sécurité et la cohésion nationale. Le désarmement des groupes armés et la réconciliation étaient loin d'être leur priorité si ce n'est de garantir le futur par n'importe quel moyen. On apprend en outre que le budget de la cérémonie d'investiture du nouveau Président avoisine ou dépasse un milliard de franc. Comment comprendre une telle décision quand on est le premier averti de ce qu'a vécu le pays ? Cette décision est- elle animée par le souci de vider les caisses de l'Etat et par voie de conséquence voir le nouveau chef d'Etat à l'épreuve ? Combien la transition a économisé dans les caisses de l'Etat sachant que le salaire des fonctionnaires était pris en charge par la communauté tout au long de la transition ? Les autres institutions de la transition ont emboité le pas. Le conseil national de transition a connu une gestion peu crédible des fonds qui lui sont alloués, le président du conseil national de transition s'est lancé dans une guerre stérile avec la présidente de transition qui ne profite ni à eux même ni au peuple. Ils ont forcé la main pour instituer un sénat budgétivore qui n'a pas son sens d'existence dans la nomenclature politique centrafricaine si ce n'est de se faire une place dorée après la transition. Le conseil constitutionnel de transition quant à lui a pris une mauvaise habitude de confondre le droit à la politique et se permet d'annuler les élections à leur gré alors qu'il regorge en son sein des personnalités intègres et respectées. Le haut conseil de communication de transition qui est chargé statutairement de réguler les activités des médias se permet d'organiser une parodie de débat géré par des amateurs prouvant ainsi aux yeux de la communauté internationale les limites de nos capacités à se projeter dans le concert des nations démocratiques. Sans langue de bois, et n'eût été la dernière bénédiction du pape, notre sort allait être le plus catastrophique de l'histoire de la sous région.
Paris le 25 mars 2016
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections