LETTRE OUVERTE AUX CONSEILLERS NATIONAUX DE TRANSITION
En République Centrafricaine ‘’tout va bien’’ à tel point que personne ne s’est posée la
question un jour de savoir pour quelles raisons les médias étrangers traitent-ils les
Centrafricains de médiocres et l’Etat de néant. Il suffit de se rendre dans n’importe quel pays
en Afrique pour se rendre compte que le Centrafrique est le dindon de la farce sur le
continent. Pour mieux comprendre cet état de fait, La Panafricaine Aminata Traoré note que :
L’humiliation du continent africain ne réside pas uniquement dans la violence, à
laquelle l’Occident nous a habitués. Elle réside également dans notre refus de
comprendre ce qui nous arrive. Le défi auquel nous faisons face aujourd’hui, c’est
d’imaginer des perspectives d’avenir centrées sur les êtres humains. Une
réappropriation de nos destins qui fait appel à nos langues, à nos repères, à des
valeurs de société et de culture qui nous sont familières.
Le Centrafricain a refusé de comprendre ce qui lui arrive pour la simple raison
qu’il a toujours évité les vrais débats de fond soit pour la facilité ; des postes politiques
soit par rapport à son incapacité à identifier les racines mêmes du mal et à mener une
analyse poussée afin de trouver une solution pérenne aux problèmes qui gangrènent la
On ne peut pas comprendre que dans un pays où :
- la misère a atteint son paroxysme ;
- il n’y a même pas ou plus d’industrie ;
- la population ne travaille pas assez ;
- il n’y a pas de routes ;
- le taux d’analphabétisme est très élevé ;
- les hôpitaux sont de véritables mouroirs….le Conseil National de Transition puisse
convoquer une session pour fouler aux pieds le caractère Laïc de la République
Centrafricaine en mettant sur la table un projet de loi sur les fêtes religieuses.
Les Conseillers Nationaux de Transition qui représentent le peuple, doivent profiter de
cette session pour retirer des fêtes légales en Centrafrique toutes les fêtes religieuses afin
d’éviter la discrimination qui a été l’une des causes des différentes crises que le pays a connu.
Le Centrafricain a besoin aujourd’hui d’avoir plus de temps de travail pour booster
l’économie de son pays comme cela se passe dans les autres pays d’Afrique. Nous avons
toujours observé ses fêtes religieuses en passant des journées inutiles à la maison pendant 55
ans, qu’est-ce que cela a-t-il apporté au pays, Rien. Il est temps de voir ce qui est bon pour le
Centrafricain. Il faut éviter d’utiliser les institutions de l’Etat pour voter des lois impopulaires
et discriminatoires en faveur de telles ou telles religions.
C’est maintenant qu’il faut prendre conscience de la réalité en élevant le niveau des
débats au CNT afin de tourner définitivement la page de plusieurs années d’obscurantisme, de
mensonge, de trahison, de népotisme, de gabegies…Dans le cas contraire les animistes, les
franc-maçons, les rosicruciens, les homosexuels vont également s’imposer pour que l’Etat
puisse instituer leurs journées de fêtes. Arrêtons cela…
Le Centrafricain ne connaît pas Barthélemy Boganda, comme l’a toujours mentionné
Abel Goumba. Barthélemy Boganda nous a appris à beaucoup travailler pour notre propre
survie, pour le développement de notre pays et pour notre indépendance. A aucun moment ce
grand Homme et Panafricain a demandé au pays tout entier d’instituer des journées de fêtes
religieuses fériées et chômées. Ecoutons à ce propos ce qu’il a dit de Calloc’h, son modèle :
Cet homme, véritable anima sana in corpore sano, m’a vivement
impressionné et marqué pour le reste de ma vie. Quatre années durant, tous les
jours, les dimanches exceptés, il nous accompagnait, le fusil en bandoulière, sa
pioche sur l’épaule, son coupe-coupe en mains, et, de 7 h 30 à 10 h, de 15 h à
17 h 45, il travaillait la terre avec nous, à Yangoumara, comme nous et avec nous
il vivait du produit de son travail. L’agriculture était son apostolat. Il nous a
appris à compter sur nous-mêmes et à tirer notre subsistance de la terre, à
attendre tout de notre travail. Une dizaine de Calloc’h aurait transformé
l’Oubangui en 20 ans [...].
Pour ce faire il est utile de revenir sur l’origine et l’importance de la Laïcité dans un
pays car beaucoup de Centrafricains parlent de la Laïcité sans pour autant percevoir ses
valeurs. Ce n’est pas au XXIe siècle que le Centrafrique va bafouer celles-ci pour plaire à qui
En 1789 le peuple français s’est révolté et a ainsi mis fin à l’Ancien Régime. Lors de la
formation de l’Assemblée constituante, point de départ de la Révolution française, le clergé
est allié au bas peuple ou tiers état et vote avec lui la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen du 26 août 1789. Celle-ci dispose dans son article 10 que :
Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que
leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.
Le 20 septembre 1792, l’Assemblée législative laïcise l’état civil et le mariage. La
citoyenneté n’est plus liée à la religion. Cet article 10 affirme donc à la fois un droit : la
liberté de conscience, et un devoir : le respect de l’ordre public.
La Constitution, en reconnaissant le droit à chaque individu de choisir son culte, en
établissant une entière égalité entre tous les habitants de France, ne permet pas d’admettre
dans l’instruction publique un enseignement qui donnerait à des dogmes particuliers un
avantage contraire à la liberté des opinions.
La laïcité, en tant que socle du pacte républicain, repose sur trois valeurs indissociables :
liberté de conscience, égalité en droit des options spirituelles et religieuses, neutralité du
pouvoir politique. La liberté de conscience permet à chaque citoyen de choisir sa vie
spirituelle ou religieuse. L’égalité en droit prohibe toute discrimination ou contrainte et
l’Etat ne privilégie aucune option. Enfin, le pouvoir politique reconnaît ses limites en
s’abstenant de toute immixtion dans le domaine spirituel ou religieux. La laïcité traduit
ainsi une conception du bien commun. Pour que chaque citoyen puisse se reconnaître dans
la République, la Laïcité soustrait le pouvoir politique à l’influence dominante de toute
option spirituelle ou religieuse, afin de pouvoir vivre ensemble.
Mais cet idéal façonné par l’histoire et construit dans un dialogue permanent qui a
permis de mettre en place, par-delà tout dogmatisme, les équilibres correspondant aux besoins
des sociétés, est vidé de tout son sens en République Centrafricaine au XXIe siècle. L’Etat qui
n’est plus neutre, comme cela se passe dans les Etats laïcs, s’implique directement dans les
affaires religieuses en prenant des décrets pour déclarer des journées des fêtes religieuses
chômées et fériées sur toute l’étendue du territoire tout en oubliant qu’il existe également des
- Animistes qui conservent encore les Valeurs traditionnelles et la culture africaine ;
- Athées qui ne sont ni animistes, ni chrétiens, ni musulmans et qui ont seulement
besoin d’aller chaque jour travailler pour la survie de leur famille et le développement
Les AFROCENTRIQUES et PANAFRICAINS Centrafricains pensent qu’il est
vraiment temps que leurs frères et sœurs qui ont épousé les religions ou les cultures importées
par les Européens et les Arabes apprennent à respecter les Centrafricains qui sont restés purs
et qui continuent d’observer les rites légués par nos ancêtres. Ceux-ci ont également leur place
Nous sommes dans la logique de Martin Luther King qui a noté que : « Une
communauté ne meurt pas seulement à cause de l’injustice des hommes méchants mais aussi
à cause du silence et de la passivité des hommes bons ».
AFROCENTRICITE INTERNATIONALE RCA est un cadre qui permet aux
Centrafricaines et aux Centrafricains de poser les vrais problèmes de ce pays et d’en débattre
sans complaisance, de retrouver leur Identité, de se réapproprier les Valeurs ancestrales
comme les Chinois, les Japonais, les Indiens (Indes) qui sont des puissances aujourd’hui. Le
Centrafricain doit mettre en exergue ses propres valeurs afin de prétendre à un développement
L’Unité est notre But ! La Victoire est notre Destinée !
Bangui, le 03/03/2016
Le Shenuti (Président)
OUNDA BIBO TITA BAZZA