L'AUDIT DES INSTITUTIONS DE LA TRANSITION S'IMPOSE
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La cour constitutionnelle de transition vient de valider sans encombres les résultats définitifs et irrévocables des présidentielles proclamés quelques semaines avant par l'agence nationale des élections. Le nouveau Président de la République légitimement élu n'a pas voulu attendre son investiture, il a commencé un périple sous régional pour prendre ses repères et affûter ses outils de travail. Au même moment, les institutions de la transition ont reçu la palme d'or dans des manœuvres dignes d'une République bananière. On apprend des vols des véhicules de l'Etat, certains ont même déjà des immatriculations privées. Le bradage des édifices et domaines publics où les heureux acquéreurs appartiennent aux institutions de transition. On assiste outre mesure à des nominations fantaisistes à des postes juteux et même dans nos représentations diplomatiques à l'étranger. Des employés fictifs sont en nombres à la présidence, des distributions des grades non mérités aux fonctionnaires et agents de l'Etat. La caverne d'Ali baba a même délivré affectueusement des permis de construire, des permis de chasse et des permis de port d'arme de chasse. Comme si tout cela ne suffisait pas, des passeports diplomatiques ont également fait l'objet de marché de gré à gré... Fort de ce qui précède, le nouveau locataire du palais de la renaissance doit privilégier un audit de toutes les institutions de la transition. Pour bien rimer avec la "rupture" tant prônée par le nouveau Président de la république, la nouvelle façon de bien gérer l'Etat et l'administration c'est le contrôle interne et l'audit public. Il serait nécessaire au nouveau pouvoir de renforcer les systèmes nationaux d'audit. L'audit par définition est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une assurance sur le degré de maitrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer et contribuer à créer de la valeur ajoutée. Ainsi cet audit aidera l'Etat à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses processus de management des risques, de contrôle et de gouvernement d'entreprise et en faisant des propositions pour renforcer leur efficacité. A défaut d'audit, la croissance économique prendra du temps à se mettre en route donnant ainsi l'impression au citoyen lambda de l'inefficacité de la politique du gouvernement. La Centrafrique est devenue par la force des choses un pays de défis : le peuple a su se relever après une longue crise, l'organisation d'une élection jugée crédible dans son ensemble par la communauté internationale, un candidat qui reconnaît avant l'heure sa défaite pour protéger son peuple, un Président élu qui rend visite au candidat malheureux(inédit). Pourquoi ne pas continuer à relever les défis en auditant les institutions de la transition, en traduisant en justice les auteurs, co-auteurs et éventuels complices des crimes économiques ? Ne perdant pas de vue les anciens dignitaires qui sont entrain de faire les yeux doux au nouveau homme fort. Dans le même contexte, ne serait-il pas nécessaire de déclarer son patrimoine avant la prise de service à des hauts postes de responsabilité ? A l'instar de toute entreprise ou boutique, inventorier ou auditer l'héritage permet d'avoir une idée nette du patrimoine en vue d'adopter et d'ajuster sa politique de relance économique. Telle est à mon sens la "rupture" qui est le maitre-mot du nouveau pouvoir.
Bernard SELEMBY DOUDOU, Juriste, Administrateur des élections.