CENTRAFRIQUE: ABDOULAYE HISSENE: ILS ONT TOUCHE LA OU IL NE FALLAIT PAS
/image%2F1623493%2F20160323%2Fob_c1db7d_ah.jpg)
Diaspora magazine/ Alors qu’il était sur le point de prendre le vol, Abdoulaye Hissène, ancien membre de l’ex-seleka, ancien ministre de la jeunesse et des sports et ancien ministre conseiller à la présidence en matière de la jeunesse, a été intercepté par les forces de l’ordre à l’aéroport Bangui M’Poko. Conduit mani-militari à la gendarmerie nationale sur instruction du procureur de la République, l’ancien chef rebelle a réussi – de force - à se soustraire du lieu de sa détention dans la même nuit appuyés par des éléments surarmés. Et est ramené chez lui. Il a accepté de rencontrer Diaspora Magazine
Vous avez fait l’objet d’une arrestation quand vous voulez vous rendre en voyage. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?
Qu’est-ce que vous appelez arrestation ? Je vous dis toujours et je continue à vous dire que c’est un enlèvement, ce n’est pas une arrestation. Quelle arrestation ? On me reproche de quoi ? On ne peut arrêter quelqu’un que s’il a fait le refus de se présenter devant la justice, de la gendarmerie ou bien de la police. Au moment où tu n’a reçu aucune convocation, tu n’as pas été entendu. Mais du moment où tu n’as rien vu, rien eu, comment on va dire qu’on va t’arrêter ?
Qu’est-ce que vous leur reprochez ?
Mais je ne sais pas ! Demandez au procureur de vous le dire. C’est la personne la mieux placée pour vous le dire. J’arrive à l’aéroport, on me dit que le procureur a besoin de vous. J’ai dit mais ça ne va pas non ! Il était où depuis que je suis à Bangui il ne m’appelle pas et c’est maintenant pendant que je voyage qu’il m’appelle ? J’ai dit il faut lui dire que je voyage pour revenir le 22 mars, c’est en ce moment là que je viendrais le voir après avoir reçu une convocation. On ne peut pas aller dans le bureau d’un procureur comme si tu appelles un enfant ou bien ta femme, tu lui dis, venez ! Votre marie a besoin vous ! C’est ça la justice ? Et quel genre de justice.
On vous a emmené à la SERD ?
Oui, mani-militari avec15 véhicules des policiers et gendarmes.
Et qu’est ce qu’on vous a dit au niveau de la SERD ?
Rien ! Le commandant ne savait rien, il a dit qu’il ne connait rien mais que c’est le procureur qui a donné des instructions à ce qu’on m’emmène. Mais le procureur m’a fait savoir qu’il va venir. Et je lui ai dit « écoutez, moi, je ne peux pas passer la nuit ici. Vous appelez le procureur, vous lui dites de venir me dire ce qu’il me reproche sinon vous assumez les conséquences ». Il me dit « monsieur je n’y suis pour rien. Je ne connais rien et je ne suis responsable de rien. On m’a demandé de faire, je ne suis qu’un exécutant, je ne fais que mon travail. Vous restez ici comme il est déjà 19 heures, il ne peut pas venir donc on attend demain matin, il viendra nous dire de quoi il s’agit. Jusque là il nous a rien expliqué ».
Et que pensiez-vous en ce moment ?
Moi, qu’est-ce que je vais dire ? Il a utilisé la force mais le tribunal n’utilise jamais l’armée. Je vais faire la même chose que ce qu’il a fait. Mes éléments sont partis me trouver et me dire « Levez-vous on va à la maison ! ». Si on a besoin vous ce n’est pas de cette manière là qu’ils vont vous appeler. Si c’était un processus normal ça devrait suivre son cours. La justice ne meurt pas. Même étant aux Etats-Unis d’Amérique la justice va te ramener. Où est le problème ? Pourquoi allez salir la personnalité de quelqu’un jusqu’à ce niveau ? Voilà, c’est ce que j’attends maintenant.
Vos éléments armés sont allés vous libérer à la SERD. Ont-ils mesuré les conséquences de ces actes?
D’où est-ce que cela a commencé ? C’est par le procureur. En utilisant la force. Vous ne voyez pas ce que le procureur a utilisé contre moi. Voyez-vous de quelle manière ils sont allez me chercher. Qui a commencé maintenant alors ? C’est ça la loi ? Et quel texte donne droit au procureur d’utiliser la force ? Il a utilisé la force. Je vous dis bien 15 véhicules bien armés. Le tribunal utilise la force ? Non ! Il faut qu’on soit claire dans nos dires. S’il y a un mandat d’arrêt, d’accord. On vous le notifie pour dire monsieur vous êtes demandé. Amenez-moi un seul bout de papier qui montre que je suis poursuivi par la justice centrafricaine. Rien. La justice ne travaille pas comme ça.
Croyez-vous à un complot ourdi contre vous ? Et par qui ?
Mais le procureur c’est qui ? Quelqu’un qui travaille sur des instructions. J’ai même appris que le procureur a dit qu’il a reçu l’ordre des gens. Ils l’ont utilisé pour agir comme ça. Donc c’est le gouvernement. Moi, j’accuse le gouvernement et non le procureur. Comme il ne peut pas m’atteindre il faut utiliser le procureur. Comme le procureur aussi ne peut pas m’atteindre, il a utilisé les policiers et gendarmes, la force. Voilà ce qu’ils ont fait. Maintenant le responsable N°1 c’est le gouvernement de Samba-Panza avec Mahamat Kamoun, c’est eux qui sont responsables. Mais moi, je ne peux pas laisser. Je vais tout faire pour connaitre le commanditaire.
Vous allez faire quoi ?
Le tribunal, c’est pour tout le monde. La justice est faite pour tout le monde. Ce n’est pas seulement pour Abdoulaye. Samba Panza devait répondre de ses actes et Mahamat Kamoun aussi. On va être ensemble, tous les deux devant la justice centrafricaine pour les deux ans de crime qu’ils ont commandité depuis le départ de Michel Djotodia. Il y a eu combien des morts et combien d’assassinats ? C’est qui, qui a orchestré cela, n’est-ce pas Samba Panza et Kamoun ? N’est-ce pas eux les grands chefs d’orchestre [de ces crimes] ? Un Abdoulaye qui défend rien que ses droits, on va dire que c’est lui qu’on va arrêter ? Et quant à eux, ils vont passer comment alors ? Par quel aéroport avec tout ce qu’ils ont volé ici.
Il y aural’audite dans ce pays. L’argent de l’Angola, toutes les voitures que l’Angola a données, ils ont tout amené au Cameroun. Je vais vous le dire avec preuves. Comment acheter 150 armes et dire que c’est moi qui les ai achetés. Voilà, je peux vous dire que ceci n’est pas une petite affaire. Ils ont touché là où il ne fallait pas touché. Ils ont touché à un bouton rouge. En tout cas peut être qu’ils se sont trompés.
Quel est votre état d’esprit à présent ?
Je suis tranquille. Dieu merci, je suis en contact avec les autorités qui vont s’installer et qui m’ont demandé de me calmer. Je suis là calme j’attends. La transition est finie déjà depuis le 27 janvier. D’ailleurs ils ne sont plus légitimes depuis le jour où la Cour constitutionnelle a proclamé le professeur Archange Touadéra, président de la République élu démocratiquement. Là on attend rien que la formalité c'est-à-dire l’installation. Il est président, il n’y a pas deux présidents dans ce pays. C’est Touadéra qui est le président. Je ne connais pas un autre pouvoir ici et je ne répondrai à personne si ce n’est pas les autorités légitimes. Je n’ai de compte à rendre à personne.
Finalement monsieur Abdoulaye Hissein que faut-il retenir de tout ça ?
Le peuple centrafricain doit se calmer. Moi, je n’ai défendu que mon droit et aucune loi ne dit d’aller emmener par force un responsable. J’ai quand même servi ce pays. En bien ou en mal, j’ai servi ce pays. J’étais ministre de la jeunesse des arts et de la culture, ministre conseiller à la présidence en matière de la jeunesse et des sports. Donc j’étais trois fois ministre. J’ai trois ou quatre décrets de ce pays.
Et si aujourd’hui on me reproche quelque chose qu’on m’envoie une convocation en bonne et dû forme avec un huissier de justice. Celui-ci vient chez moi me la notifier et me dire quand et à quelle heure je dois me rendre à la justice. Je comprendrais.
Aujourd’hui, je n’ai pas une autre intension. L’intension que j’ai c’est de demander à mes éléments de se calmer, on attend l’investiture du nouveau président élu. Une fois son installation finie, je suis sûr qu’il m’appellera pour me dire « mon cadet, venez, qu’est ce qu’il y a ? C’est la où je le raconterai tout ».
Mais aujourd’hui, il n’y a pas de raison que le centrafricain s’agite. Quant à moi, le profane que je suis mes éléments sont allés me prendre à la gendarmerie. Il n’y a pas eu de dégâts ou des débordements. Ils n’ont fait rien que ce qu’ils devaient faire. Leur mission, c’était ma libération. Ils m’ont pris, nous sommes partis, point. Donc jusque là il n’y a pas de problème et je n’ai pas de problème avec des centrafricains et ce n’est pas le moment de faire ça. Je dis bien et je le répète que je suis responsable de mes actes. Je réponds mais pas avec cette condition là. Mais si cet acte continue alors je ne vais pas baisser les bras. Ça c’est claire et net. Qu’ils arrêtent ces actes de bavure. Si c’est les policiers, on dirait que voilà c’est des policiers qui font les bavures. Mais maintenant que c’est la justice elle-même qui fait la bavure c’est grave.
Donc que les centrafricains restent tranquille. On n’a pas droit à l’erreur là où nous sommes. Nous devons toussent travailler pour la cohésion sociale. Et cela ne se fait pas avec des armes ni avec la chasse à l’homme. Qu’ils disent le plus influent de la Séléka à Bangui c’est Abdoulaye Hissène, il faut l’atteindre pour atteindre la Séléka. Mais je dis, attention !
J’appelle seulement au calme. Je l’ai déjà fait car vous savez que Kaga Bandoro était débout tout comme Bria, Ndélé, Bambari, Birao pour marcher sur Bangui si je passais une seule nuit. Dieu merci je suis sorti et j’ai appelé tout le monde pour leur dire de rester calme. Il y a en qui ont fait même 20-30 kilomètres puis ils ont rebroussé chemin.
En tout cas je demande au peuple centrafricain de se calmer. Je suis en contact avec l’entourage du président élu qui m’ont appelé pour me demander de rester tranquille, une fois le nouveau pouvoir installer, on va chercher à trouver une solution pacifique pour l’intérêt des centrafricains et de notre pays.
Herve Serefio
DIASPORA MAGAZINE