ATTENTION AU DEBAUCAHAGE ET A L’OPPORTUNISME POLITIQUE
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Le RJDH a publié au courant de la semaine sur son site internet un article intitulé « Le camp
TOUADERA rassuré de rafler la majorité parlementaire ». Cet article fait état du décompte actuel des
députés susceptibles de former la majorité à l’Assemblée nationale en faveur du nouveau Pouvoir.
Au nombre de ces députés, le site internet cite un élu du Rassemblement Démocratique
Centrafricain (RDC) comme faisant partie de ceux disposés à intégrer la dite majorité sans l’aval de la
direction de son parti, semble-t-il.
Que l’entourage du Président Faustin Archange TOUADERA veuille constituer une majorité pour lui
permettre d’asseoir sa politique ne pose aucun problème. Cela fait partie des principes du
fonctionnement de la démocratie qui veut qu’il y ait une majorité, mais aussi une opposition pouvant
favoriser, par son action, l’équilibre du pouvoir, et ainsi éviter des dérives majeures préjudiciables pour le Pays.
Dans cette perspective, il est du devoir de ceux qui ont la responsabilité de travailler à la constitution
de cette majorité de le faire, avec une certaine élégance, dans le strict respect des règles de la
démocratie. Car toute action contraire, nourrie par des velléités de débauchage et visant à
encourager l’opportunisme politique, risque de déboucher inéluctablement sur une crise politique
majeure avec les conséquences qu’une telle pratique implique. Et pour certains centrafricains qui
n’ont pas encore sombré dans l’amnésie ambiante, le cas de débauchage actif de l’ancien député
KOUDOUFARA en 1999, par l’entourage du feu Président PATASSE, qui fit basculer la majorité
parlementaire en faveur du Pouvoir de l’époque, marqua le début d’une crise politique majeure qui
alla crescendo jusqu’à précipiter la chute du régime. D’ailleurs, l’histoire politique des Nations est
pleine de ce type d’exemples selon lesquels des régimes ont pu s’enfoncer ou être balayés en
voulant faire usage des procédés antidémocratiques de ce type.
Le peuple centrafricain a extrêmement souffert et souffre encore des conséquences des pratiques
sournoises de ces dirigeants. Il est manifestement atteint dans sa dignité et dans sa composante en
tant que nation. Aujourd’hui, il essaie tant bien que mal de se reconstruire, et attend du nouveau
Pouvoir que tout soit mis en œuvre, non seulement pour lui permettre de se refaire une santé
nationale, mais lui épargner surtout de nouveaux conflits politiques inutiles aux conséquences
Dans cette œuvre de reconstruction nationale qui nécessite la contribution de tous les fils et filles de
Centrafrique sans exclusive, il est souhaitable que les accords politiques et/ou gouvernementaux se
fassent de façon formelle dans le respect des uns et des autres, et surtout dans l’intérêt du peuple
centrafricain. A cet effet, chaque cadre et dirigeant politique doit faire preuve de responsabilité, de
discipline et de loyauté dans ses choix et ses convictions afin favoriser l’intérêt général.
Sauf qu’en regardant de près la composante hétéroclite de ceux qui gravitent autour du Président
FAT, on peut aisément constater que certains de ces cadres et hommes politiques sont passés
maîtres dans l’art du « retournement de vestes ». Autrement dit, voir, par exemple, certains députés,
élus sous l’étiquette de certaines organisations civiles ou politiques, passer outre l’aval de leurs
structures pour rejoindre opportunément la prochaine majorité, est tout simplement inadmissible ;
tout comme voir un cadre d’une organisation politique ou civile se faire proposer une haute fonction,
sans le consentement de celle-ci, est totalement méprisant. Cela alimente d’ailleurs de la
transhumance politique longtemps décriée par les centrafricains qui ne supportent plus maintenant
ce genre de pratiques basées sur des intérêts égoïstes et catégoriels.
Et si l’entourage du Président Faustin Archange TOUADERA s’obstinait à encourager ces pratiques
opportunistes, sous prétexte de vouloir constituer absolument et à tout prix une majorité, il
prendrait, de ce fait, le risque de créer, au sein des organisations ainsi lésées, des frustrations qui
pourraient faire le lit de nouvelles crises.
La rupture prônée par le Professeur TOUADERA, entre autres, ne doit pas être simplement un slogan
creux et vide de sens ; mais elle doit être vérifiée dans les faits à travers le bannissement de toutes
les pratiques détestables qui ont conduit la République centrafricaine dans le chaos. L’espoir de tout
un peuple repose sur la réussite du quinquennat qui va bientôt commencer et qui consistera, sans
doute, à jeter les bases d’une nouvelle république dénuée de toutes les pesanteurs politiciennes,
tribalistes, régionalistes et confessionnelles.
En définitive, j’exhorte l’entourage du nouveau Président à s’abstenir de toutes manœuvres
dilatoires visant à affaiblir opportunément les formations politiques et autres organisations, non
seulement par le débauchage des élus, mais par l’encouragement de l’opportunisme politique des
cadres. Je lance, par ailleurs, un vibrant appel à tous les démocrates de redoubler de vigilance afin de
lutter vigoureusement contre ces pratiques, si elles venaient à se (re)produire.
Fait à Paris le 26/03/2016
Médard POLISSE-BEBE