ET MAINTENANT ON PEUT COMMENCER LA VRAIE TRANSITION
Ça y est, c’est fait : même si nous devons encore attendre la validation du conseil
constitutionnel, le processus électoral a rendu son verdict, en désignant le Pr
Touadéra comme le nouveau Président de la République Centrafricaine. Et chose
normale, chacun y va de ses félicitations, en rappelant au passage son implication
dans … cette victoire.
Encore un disque bien rayé pour ce pays habitué à l’actualité dramatique par ses
trop nombreuses et récurrentes crises. L’inqualifiable ratée de la transition et sa
triste fin à en pleurer doivent nous alerter sur la répétition de nos joies à chaque fois
qu’un changement se produit dans ce pays. Car, à chaque fois, nous tombons
encore plus bas dans nos travers. Avec la cohorte de morts que nous devons
enterrer dans un pays dépourvu de cimetière …
En effet, ne nous faisons pas d’illusion. Ces élections n’ont rien d’un salut pour un
peuple meurtri. Et, le nouveau Président n’a pas de formule magique pour répondre
à tous les espoirs placés en lui. A ce jour, et cela pour encore longtemps, la RCA
dépend entièrement de la bonne volonté de la communauté internationale. Pour un
pays qui se veut indépendant, c’est bien le pire héritage à laisser aux générations
futures.
Alors que faire ? Tout sauf tout ce qui a été fait jusque-là !!!
A commencer par INNOVER et surtout OSER.
Innover : gouverner différemment en réduisant le train de vie de l’Etat et en
adoptant une logique de performance à tous les niveaux de l’action publique. En
commençant par un gouvernement limité à 20 membres qui ne viennent pas
d’appareils politiques et dont les résultats sont évalués tous les 6 mois par le
Parlement.
Le Gouvernement aura, pour objectif, de réformer le pays pour relancer les
investissements et réduire la dépendance budgétaire.
Ainsi, l’action du Chef de l’Etat sera essentiellement tournée vers la réconciliation
nationale et la restructuration des forces de défense et de sécurité. A cette action,
pourront prendre part les différents responsables politiques nationaux et les groupes
rebelles qui se seront engagés dans la voie de la paix.
Oser : ne pas agir avec l’illusion du pouvoir mais avec le poids des responsabilités
et le devoir de rendre des comptes. Pour cela, le nouveau Président devra agir pour
faire vivre la contradiction. En scientifique qu’il est, il pourrait être celui qui donnerait
la force aux institutions nationales de mener à bien leurs missions. Cela pourrait
commencer par le fait de soumettre à l’appréciation de l’Assemblée Nationale les
dominations de hauts fonctionnaires ou des dirigeants des entreprises publiques.
Ce serait, toujours pour le formateur, l’occasion d’enseigner à ses concitoyens une
nouvelle matière : la transparence.
Depuis trop longtemps, on entend qu’il faut mettre l’Homme qu’il faut à la place qu’il
faut. Il est plus que temps de poser les bases pour passer de la prière à l’action …
C’est, en réalité, maintenant que commencerait la transition centrafricaine. A nous
de la rendre plus crédible désormais.
Bonne chance Centrafrique et bon courage Mr le Président.
L’exilé.
THEOPHILE GBANDA