DROIT DE RÉPONSE DE M. POUSSOU: JE SUIS VIVANT, GRACE SOIT RENDUE A DIEU !
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Comment écrire sur la bêtise? Est-ce nécessaire de répondre à la calomnie ? Depuis bien longtemps, et ceux qui me connaissent le savent, j’ai compris que face à la médisance, il n’y pas une arme plus redoutable que le silence. C’est pourquoi, depuis un certain temps, j’ai accepté sifflets et hués, avec le délire et l’inanité que cela entraine. J’ai même laissé passer des énormités, comme cette fois où l’on a écrit que j’aurais « dérobé » l’équivalent de mille euros (665000 FCFA) dans le sac du Premier Ministre. Jusqu’à ce jour…
Alors que je tente de me remettre de l’attaque ce 16 juillet 2015 de mon véhicule (il faut voir les photos pour imaginer la violence de l’attaque) par une bande armée à quelques sept (7) kilomètres de la ville de Beloko sur l’axe Bangui-Garoua-Mboulaï et que je n’ai eu la vie sauve que grâce à la bonté divine, une folle rumeur aussi fantaisiste que délirante circule à mon nom. Ces allégations, répandues dans le seul dessein de nuire, laissent entendre que je serais en « cavale » parce que j’aurais échappé « de justesse à une arrestation spectaculaire pour faux usage de faux, usurpation et falsification de signature du Premier Ministre, avec utilisation frauduleuse de compte public ». Qu’en plus, je serais « impliqué dans des pratiques régulièrement irrégulières de paiement des titres du trésor à des particuliers et des entreprises contre ristournes ». Qu’entre autres, j’utilisais ma « position » et « apposais » des visas du « Premier Ministre, ordonnateur des dépenses de l'État, sur des ordres de paiements du trésor, avant de les amener au Ministre des Finances et du Budget ou le Ministre Délégué afin d’engager le paiement ». Et que finalement, je me serais « fait attraper en début de semaine » et que je serais allé voir le Ministre des Finances pour « m’agenouiller et demander pardon ». Et que malgré cela, une procédure judiciaire serait ouverte contre moi et que j’ai fui en laissant une ardoise à l’hôtel Oubangui où je logeais depuis quasiment un an à mes frais.
Je voudrais ici rappeler ceci:
C’est le 27 juin dernier que je suis parti de Bangui, avec l’autorisation de Madame le Chef de l’État de la Transition, pour participer à une assemblée générale en France. Lorsque fut publié ce 6 juillet 2015 le décret portant réorganisation du Cabinet de la Primature, je me trouvais encore en France. Je suis donc rentré à Bangui le 11 juillet et me suis entretenu seul à seul, pendant près d’une demie heure avec le Premier Ministre Mahamat Kamoun le lundi 13 juillet. Au cours de cette rencontre, le Premier Ministre, à qui j’ai remis une lettre de remerciement, a affirmé me conserver « toute sa confiance » (sic). Mais qu’il a été contraint de me débarquer de son Cabinet pour deux raisons: la première est liée à la tribune que j’ai publiée sur la fin de la transition qui, selon lui, a été diversement appréciée tant au niveau local qu’international. Beaucoup ont cru que j’exprimais sa position (bien que j’ai pris soin de préciser que je m’exprimais non pas en tant que membre du cabinet de la Primature). La seconde est consécutive à la publication du chronogramme des élections. Bien que ce communiqué de presse ait été validé par son directeur de cabinet avant sa publication et qu’il entre dans le droit-fil des précédents communiqués sanctionnant les réunions du Comité stratégique de suivi des élections, il a provoqué une grave crise au sommet de l’État. Certains, notamment le président du CNT, ont pu penser que le Premier Ministre et son cabinet entendent écarter l’ANE de l’organisation des élections. À preuve, affirment-ils, toujours selon le Premier Ministre, c’est son conseiller spécial qui a publié le chronogramme électoral. C’est dans ces conditions qu’il a été amené, suite aux fortes pressions subies, de mettre un terme à mes fonctions. Des choses et d’autres ont été dites au cours de cet entretien que je me garde bien de livrer ici.
C’est donc ce lundi et en compagnie de l’ancien Ministre d’État Christophe Gazam-Betty à qui je venais de céder mon ancien bureau que j’ai croisé le Ministre Kadr dans les couloirs de la Primature. Ce dernier nous a informé qu’il devait se rendre à Ndele pour demander à un groupe des ex-Séléka de cesser de déranger la population. Il a même promis me téléphoner pour que nous fassions le déplacement de Ndele ensemble. Tout ceci s’est passé en présence d’un témoin oculaire, M. Christophe Gazam-Betty. Je n’ai jamais fait payer quelques titres du trésor que ce soit. Jamais je me suis pointé dans le bureau du Ministre des finances ou du Ministre délégué avec un titre du trésor, revêtu de quelque ordre du Premier ministre. Je me suis jamais agenouillé devant quelque individu, fût-il ministre des finances, que ce soit. Surtout que l’on se connait tous dans ce pays…
Alors d’où ça vient que je me serais fait attraper (où à propos de quoi) en début de semaine ? À ma connaissance et jusqu’à preuve du contraire, aucune procédure judiciaire pour un quelconque délit n’est ouverte contre moi. Je mets quiconque au défi de m’apporter les preuves de ces allégations. Ce n’est pas à force de répéter un mensonge qu’il devient une vérité. Je suis parti de Bangui non pas comme un fugitif (un fugitif ne voyage pas avec son véhicule personnel et ne se présente pas es qualité aux barrières de la gendarmerie. Lorsque j’aurais fini de suivre des soins contre le traumatisme de l’attaque du 16 juillet, je rentrerais à Bangui pour répondre, le cas échéant, à ce dont la justice de mon pays me reproche. Cette cabale savamment orchestrée participe d’une logique que nous savons mais nous sommes prêts à livrer bataille et à être impitoyable. Nous avons également des dossiers et nous avons connaissance du plan que certains veulent nous imposer.
Quant au reste, j’ai la conscience de celui qui n’a rien à se reprocher. Et comme écrivait Aimé Césaire, « haïr, c’est encore dépendre ». Je n’haïrai point tous ceux qui me veulent du mal. Même pas ceux qui ont ouvert le feu sur mon véhicule et m’ont dérobé argent, ordinateurs et téléphones portables.
Adrien Poussou
Ancien Ministre