Allez-y savoir: Les abbérations de l'histoire

Publié le par taka parler

 Allez-y savoir: Les abbérations de l'histoire

Si les électeurs américains étaient des centrafricains, jamais Barak OBAMA dont le père est Kényan ne serait Président des Etats-Unis.

Si les électeurs français étaient des centrafricains, jamais Nicolas SARKOZY dont le père est Hongrois ne serait Président de la France, jamais François Hollande dont les grands-parents sont venus de la Hollande ne serait Président de la France, jamais Manuel VALLS dont le père et la mère sont espagnols et qui n’a acquis la nationalité française qu’à l’âge de 18 ans, ne serait Premier ministre de la France, jamais Pierre BEREGOVOY dont les parents sont russes ne serait Premier Ministre de la France.

Si les électeurs ivoiriens étaient des centrafricains, jamais Alassane OUATARA dont les parents sont Burkinabé ne serait Président de la Côte d’Ivoire.


MOBUTU centrafricain ? KOLINGBA zaïrois ? PATASSE tchadien ? SAMBA-PANZA camerounaise ? SASSOU-NGUESSO centrafricain ou béninois? MBONGO ONDIMBA Centrafricain ? MBONGO Ali nigérian ? C’est flatteur d’avoir des compatriotes diriger d’autres pays africains.

Il y a des cas qui devaient nous faire réfléchir : Mr Dieudonné WAZOUA était Ministre d’Etat de l’Economie et des Finances en République centrafricaine. Il y avait à la même époque un autre WAZOUA de la même famille qui était Ministre dans le Gouvernement zaïrois. Mr GAUDEUILLE ancien Ministre, Président de la Chambre de commerces de la République centrafricaine avait un frère biologique de nationalité zaïroise qui était Général dans l’armée zaïroise. J’ai personnellement, rencontré un Général trois étoiles de l’armée camerounaise qui ne cachait pas son origine centrafricaine. Que dire de ce député camerounais, qui nous ayant entendus parler Sango à l’hôtel lors d’une conférence internationale, s’est approché de nous pour nous dire qu’il est d’origine centrafricaine (Berbérati) mais fier de représenter le Cameroun ? Ce soudanais, noir comme de l’ében parlant couramment sangö et qui nous a suivis sur le campus du Village III, à Talence, près de Bordeaux, s’est fièrement présenté comme zandé de la République centrafricaine mais aujourd’hui soudanais car né et grandi au Soudan de parents Zandé eux aussi nés et grandis au Soudan ?


Je me souviens encore de mes chaudes discussions avec mon ami et grand-frère Maurice DEBALLE, ethnologue centrafricain aujourd’hui à la retraite, qui soutenait mordicus, preuves scientifiques à l’appui, que les Somaliens sont d’origine centrafricaine (Banda-soumalé) et que certains Burundais viennent de Centrafrique (Mandja). Il y a par exemple le nom Bagaza en Centrafrique et Bagaza au Burundi. C’est A.M. VERGIAT qui a le mieux parlé de l’origine mythique de ce nom Bagaza chez les Mandjas Oubanguiens dans son livre. Le Professeur Théophile OBENGA, grand égyptologue africain, avait soutenu lors d’une conférence à l’Université de Bangui en 1985 qu’on retrouve dans l’Egypte pharaonique beaucoup d’éléments de la culture Banda au point de dire que certains pharaons étaient Banda. Il a même démontré que dans la langue créole parlée aux Antilles, on pouvait retrouver quelques mots de la langue banda. Cela suffisait à dire que des esclaves amenés dans les plantations de canne à sucre étaient originaires des pays banda de Centrafrique.


La conférence de Berlin et ses conséquences

Sur invitation du Chancelier allemand BISMARCK, la conférence de Berlin a réuni 14 états du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. Parmi les importantes décisions adoptées, il y a les règles du partage de l’Afrique et le tracer arbitraire des frontières qui n’a tenu le moindre compte des critères ethnologiques, sociologiques et historiques. C’est ainsi qu’une même famille peut se retrouver partagée entre deux pays différents avec deux nationalités différentes devenant ainsi des étrangers les uns pour les autres. Un frère est d’une nationalité et l’autre frère d’une autre nationalité. Il y a des Banda centrafricains et des Banda congolais (RDC). Il y a des Ngbaka centrafricains et des Ngbaka congolais (RDC). Il y a des Yakoma, Sango centrafricains et des Yakoma, Sango congolais (RDC). Il y a des Ngbaka-Mandja centrafricains et des Ngbaka-Mandja congolais (RDC). Il y a des Mondjombo centrafricains et des Mondjombo (Congo Brazzaville). Il y a des Sanga-sanga centrafricains et des Sanga-sanga (Congo-Brazzaville). Il y a Gbaya centrafricains et des Gbaya camerounais. Il y a des Mbimou centrafricains et des Mbimou camerounais. Il y des Sara centrafricains et des Sara tchadiens. Il y a des Zandé centrafricains et des Zandé soudanais et des Zandé ougandais. Nous pouvons multiplier d’autres exemples.


Le « partage du gâteau » lors de la fameuse conférence de Berlin s’est fait sans la présence d’aucun Africain ni comme acteur ni comme observateur. Les Africains étaient totalement exclus du débat qui les concernait pourtant au premier chef.


Cette fameuse conférence a surtout consacré la notion de sphère d’influence qui veut dire que chaque puissance établie s’engage à ne pas interférer dans ce qui se passe dans la zone géographique de l’autre. Aujourd’hui s’il y a quelque chose qui se passe en Centrafrique, c’est la France qui monte d’abord au créneau parce que le Centrafrique est dans la zone d’influence de la France tout comme les anciennes colonies de l’AEF et de l’AOF. Aucun changement notable ne peut intervenir dans ces pays sans l’accord officiel ou tacite de la France. C’était ainsi au XIXe siècle, ça l’est encore aujourd’hui au XXIe siècle. C’est loin de finir demain.


La conférence de Berlin, qui mit fin à l’esclavage, a débouché sur l’officialisation de la colonisation. A ce niveau, il importe de signaler que malgré la couverture des « missions civilisatrices et de l’évangélisation », la colonisation n’a jamais été une mission philanthropique mais c’est la conquête de nouvelles sources des richesses et des matières premières pour les puissances coloniales. Les colonies sont uniquement conçues comme un monopole commercial détenu par la métropole. De même le Congo (RDC) avec toutes ses richesses était la propriété privée du Roi Léopold II de la Belgique, de même l’Oubangui-Chari et ensuite la République centrafricaine avec toutes ses richesses, était (est encore?) la propriété privée exclusive du colonisateur. C’est le cas de tous les autres pays colonisés. L’indépendance des pays africains n’y a rien changé. Car le colonisateur qui a bien la suite dans les idées a fait signer des accords secrets avec les nouveaux dirigeants, peu avant l’indépendance de leur pays, pour consacrer cette situation de monopole. Celui des dirigeants qui ne respecte pas les clauses de cet accord secret est viré purement et simplement comme un malpropre et sans état d’âme.


En guise de conclusion


Ce sont là les aberrations de l’histoire comme conséquences de la conférence de Berlin qui a débouché en 1884 sur la balkanisation de l’Afrique sur des bases arbitraires. Nous venons tous de quelque part. Surtout les ethnies centrafricaines qui se sont installées tardivement sur un vaste territoire après de longues migrations en provenance certainement des contrées lointaines. Qui est originaire de la République centrafricaine et qui ne l’est pas ? Et partir de quand ? Peu importe d’où l’on vient. L’essentiel, c’est de savoir où l’on va. La diversité, c’est la richesse.

Alain LAMESSI

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T
Félicitations cher compatriote. Mon cœur est plein de joie de savoir qu'on a des compatriotes qui connaissent l'histoire de notre pays. Vous êtes l'une des personnes dont a besoin notre pays. C'est édifiant ce que vous avez écrit. J'ajouterais qu'on trouve aussi en Guyane française des personnes d'origine centrafricaine et à Haïti. Très bonne analyse qui mérite une large publication. Bravo!
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S
une bonne analyse
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