CENTRAFRIQUE: BANGUI VILLE VERTE, UNE NAKOMBOMANIAQUE ?
Un trimestre à peine après sa nomination à la tête de la mairie de Bangui, Emile Gros NAKOMBO, semble avoir pris ses marques dans la capitale de la RCA. A partir de ses premiers actes, on comprend aisément qu’un de ses objectifs majeurs soit de lutter contre toutes les irrégularités. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la tâche s’avère ardue car ces irrégularités sont innombrables.
M. Nakombo en est bien conscient. Dans une interview qu’il a récemment accordée à la chaîne panafricaine Africa 24, à la fin du 7è forum de l’Action Internationale des Collectivités Territoriales, il a affirmé que dans la capitale centrafricaine, « tout est prioritaire ».
Des priorités écologiques.
Parmi les actions les plus urgentes qu’il croit devoir mener, il y a l’insalubrité, une maladie chronique qui gangrène la ville de Bangui depuis plusieurs années. La mairie doit faire face à la périlleuse dégradation de l’environnement.
Son leitmotiv: faire rapidement de Bangui une « Ville verte ». « Bangui-ville verte » doit rendre la capitale un lieu où il fait bon vivre. Même si le maire évite l’expression, on devine derrière ses propos et ses actions qu’il veut que la capitale redevienne « Bangui la Coquette », comme on le disait être dans le temps.
Des paroles et des actes
Durant son passage à Paris pour ce 7è forum, M. Nakombo a rencontré plusieurs de ses compatriotes. Ceux-ci n’ont pas manqué de lui présenter leurs visions de la situation du pays et lui ont fait des propositions pour améliorer le quotidien des Banguissois. Le maire en avait pris bonne note. Dès son retour au pays, le maire n’a pas tergiversé mais a pris plusieurs initiatives.
Ainsi, il a accentué les actions qu’il avait déjà entreprises. On se rappelle bien que dès les premiers jours de sa nomination par le décret présidentiel en avril dernier et avant qu'il ne prenne officiellement son poste à la mairie, le maire avait déjà commencé par arpenter quartiers après quartiers pour mettre en place ce qu'il va dénommer "opération toumba nzendé", littéralement, opération nettoyage. Paires de gants en mains, des bottes et une pelle, le maire s'était transformé en un véritable jardinier et même éboueur. Cet acte l’avait plébiscité auprès de ses concitoyens jusqu'aujourd'hui, même si certains pensent qu'il fanfaronnait.
Même s'il n’a pas été élu par le peuple mais nommé par le Président, Emile Gros NAKOMBO se sent dans la peau d’un maire élu. C’est dans cet esprit qu'il se dit obligé de rendre compte à sa population.
Emile Gros Nakombo ne s'arrêtera pas à ramasser les ordures, quelques jours plus tard, on le voit faire le tour des grands marchés de la capitale, à savoir, le KM5, le marché Combattant, celui du centre-ville et bien d'autres.
Objectif visé
Monsieur Nakombo s'attaque désormais aux aliments et marchandises vendus non couverts ou non protégés. Ce qui selon lui est un vecteur indéniable de maladies. Il va instruire la police municipale à y veuiller et à faire respecter les directives prises. Tous ceux et toutes celles qui vendront à découvert leurs aliments ou leurs marchandises, seront sanctionnés(es).
Qui sont vraiment ces agents municipaux?
Parlant de cette police municipale dont les agents seraient les premiers raquetteurs des petits commerçants, le maire veut en faire désormais une police de proximité avec un minimum de règles d'éthique. Une formation de ces agents municipaux et un contrôle systématique de leurs activités vont être mis en place.
La date du 14 juillet 2016 sera pour le maire le début d'un renouveau quant à la ville de Bangui. En effet, à partir de cette date, il a commencé à traquer les vendeurs ambulants, ceux et celles qui n'ont pas respecté ses premières mesures prises avant qu'il ne quitte Bangui pour Paris. Désormais, c'est la chasse à la souris. Un des actes forts qui a été apprécié et désaprouvé par certains - les pains non couverts brûlés au jardin du Cinquantenaire.
Autre nouveauté à venir
Pour tous ces travailleurs qui se trouvent dans les magasins des expatriés libanais et autres dont la municipalité n'a aucune idée de leur rémunération, tous ceux-là doivent ésormais être déclarés en bonne et due forme. Un salaire minimum doit être exigé. En face du patronat, des syndicats des salariés doivent voir le jour. Ce sont des mesures inédites dans la capitale ; mesures qui, si elles donnent les bons résultats escomptés, seront vites prises dans les autres villes du pays.
Les associations en vue
Rappelons que l’ambassadeur de France en Centrafrique, Charles Malinas et le maire de Bangui ont signé mercredi 13 juillet dans la capitale centrafricaine Bangui, un accord de financement des petits projets dits « projets des quartiers d’avenir » pour un montant de 90 millions de FCFA soit 134 500 environs. Plus d'une vingtaine d'associations et ONG centrafricaines bénéficieront de cette subvention.
Emile Gros Nakombo a été député de la ville de Berberati puis candidat malheureux aux dernières élections présidentielles. Il n'est non seulement maire de la ville de Bangui aujourd'hui, mais aussi le président de l'association des maires de la Centrafrique (AMCA).
Qui entre le maire et les vendeurs gagnera cette bataille d'insalubrité? Est-ce qu le maire de Bangui aura-t-il les moyens nécessaires pour mener à bout sa politique de la ville? Les deux ministères en charge, à savoir: celui de l'administration du territoire - des finances et du budget mettront-ils à sa disposition les moyens nécessaires pour y parvenir? Ou le premier citoyen de Bangui doit-il compter pour l'instant en attendant le vote et la validation du budget 2017 sur les partenaires extérieurs pour réussir son programme?
L'avenir nous le dira surement. Wait and see.
Rocka Rollin LANDOUNG, Directeur de publication Kadéï Vox