POURQUOI IL N'EST PAS OPPORTUN D'ORGANISER LES ELECTIONS AVANT FIN DÉCEMBRE 2015 ?

Publié le par TAKA PARLER

GUY NZENGA KOFRENZE
GUY NZENGA KOFRENZE

."Il faut tenir les élections avant le 31 Décembre 2015 pour éviter de violer la charte de Transition", "on ne peut pas aller de transition en transition ","il faut avoir un régime légitime rapidement ";"Mieux vaut une élection mal organisée qu'une transition chancelante "etc. Ce sont là quelques phrases des grands théoriciens des élections de Décembre 2015.

De la légitimité d'un régime ou du viol de la charte de Transition La charte de Transition a été élaborée par consensus .Ce qui veut dire que par consensus aussi, nous pouvons la modifier. Tout est question de volonté .En ce qui concerne la légitimité d'un régime ,même dans les pays occidentaux ou' la conscience collective a tendance à penser que l'exercice de la démocratie est parfait ,pendant les guerres ,c'est à dire en cas de force majeure ,il n'y a pas d’élections. Après la seconde Guerre mondiale (fin du régime de Vichy) , en France ,il y'avait aussi un régime de Transition qu'on appelait le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF). Il avait pour mission de conduire la France pendant la fin de la Seconde Guerre mondiale et dans la période de reconstruction qui suit, il a voté des réformes fondamentales (vote des femmes, mise en place de la sécurité sociale entre autres) et il a préparé et mis en place la Constitution de 1946.Ce Gouvernement de Transition a duré plus de deux ans. Si c'est Mme SAMBA PANZA qui est le problème, on peut la remplacer par quelqu'un d'autre et continuer à pacifier le pays avant d'aller aux élections. Ça prendra le temps que ça pourra prendre. Autre chose, pendant des années, certains pays africains n'ont pas connu d’élections .On peut dire que ceux qui présidaient ces pays n’étaient pas légitimes si on se réfère aux critères de la démocratie. Et pourtant, ils incarnaient l’autorité de l’État. Vis-à-vis de l’extérieur, ils étaient les garants de l’indépendance nationale, de l’intégrité de leurs territoires et du respect des traités conclus par leurs pays, ils étaient chefs des armées, etc. Ils jouaient les rôles qui sont ceux réservés à un Président dans une démocratie .Mais ça gênait personne ! Pourquoi ne doit- on pas prolonger la Transition centrafricaine à cause du sacro- saint nom de la légitimité? Je ne suis pas en train de préférer la Transition (qui est un régime exceptionnel) à un régime qui est issu des urnes. Mais, quand les conditions d'organisation d'une élection ne sont pas réunies, quand la sécurité du peuple est la priorité des priorités, il faut réfléchir un peu. Nous sommes dans une situation exceptionnelle .Si aller aux élections était synonyme de la paix, on n'allait pas se plaindre. Or, en R.C.A., les crises militaro -politiques sont des résultantes des élections surtout quand elles sont mal organisées.

De la "Transition chancelante"

Comme je disais ci -haut, si c'est Madame SAMBA PANZA qui est le problème, il suffit de la remplacer par quelqu'un d'autre et continuer. Nul n'est sans ignorer que toutes les crises politiques et militaires que notre pays a connues viennent de la contestation des élections .Je ne donnerai qu'un seul exemple: le coup d'Etat de 1981(d'aucuns parleront de la remise du pouvoir à l'armée par le Président DACKO,ce n'est pas là le problème).C'est suite à la contestation de l’élection du Président DACKO par le candidat PATASSE que l'Armée avait pris le pouvoir. Comme la Transition actuelle est chancelante, cherchons plutôt des béquilles pour la caler au lieu de vouloir, vaille que vaille, aller aux élections .Ce ne sont pas les élections qui vont résoudre nos problèmes par coup de bâton magique

D'une "élection mal organisée"

Que va-t-il se passe, si malgré tout, les élections se tiennent avant fin Décembre 2015?

1°) Il y'aura contestations du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Les armes vont continuer à crépiter. «Je suis démocratiquement élu" ne fait pas automatiquement la paix.
2°) La France va retirer presque la totalité de ses troupes car selon elle, SANGHARIS coûte 100 millions d'Euros par an. Pour la France ,avoir un Président élu ,est suffisant aussi pour qu'elle puisse retirer ses troupes .Comme le pays n'a pas fait l'objet d'un désarmement , même partiel ,bien avant les élections , les forces non conventionnelles (Ex Seleka ,Anti balakas , les éléments de Miskine ,la LRA ) vont constituer de véritables et redoutables dangers pour le nouveau Président (mal) élu et la sécurité du peuple centrafricain .D'ailleurs , ces forces ne se reconnaissent pas du tout dans le processus électoral actuel .Considérant que les casques bleus ne sont là que pour maintenir la paix ( pour maintenir la paix dans un pays ,il faut qu'il y' ait déjà la paix ,je me demande bien ce qu'ils maintiennent actuellement ),étant donné que les FACA ne sont pas réhabilitées ,par conséquent ,ce sont les forces non conventionnelles qui vont régner (ça ne ressemble pas un peu au schémas imposé par l'ONU en Somalie?).
C'est la somalisation de notre pays que nous voulons ? Pourquoi ne pas patienter, prendre suffisamment du temps pour pacifier le pays avant d'organiser des élections même s'il n y'a jamais d’élections parfaites?

Vu tout ce qui précède, je proposerai :

1°) La prolongation de la Transition (sans Mme SAMBA PANZA ou pas);
2°) La réhabilitation des FACA .Justifier la non réhabilitation de notre armée à cause, seulement, du fait qu'elle serait ,à majorité ,constituée de "gbayas boys" , ne tient plus. On peut toutefois mettre en place une autre armée si l'on veut .Tout est question de volonté.
3°) Le renforcement du Bureau de l'ANE ;

Je demanderai :

1) A la MINUSCA de respecter l'esprit des résolutions de l'ONU ;
2) A la communauté internationale, d'une manière générale, de respecter la volonté des centrafricains qui est, certes , celle d'aller aux élections mais dans de bonnes conditions.

Je terminerai mon post par les mots de Mr KOMBOT YAYA qui dit ceci dans sa lettre de démission : « Techniquement, les scrutins auraient pu être organisés avant la fin de l'année 2015 si tous les moyens avaient été mis à temps à la disposition de l'ANE. Organiser techniquement les trois scrutins en décembre 2015 relève du domaine de la fiction pour plusieurs raisons. Sauf miracle »

GUY NZENGA KOFRENZE

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M
Je pense que cette analyse , est objective , malheureusement pour mettre en place cette solution il va falloir que les acteurs politique centrafricain se surpasse et pense à l’intérêt général c’est à dire au peuple .et si tout le monde en bloc parle d’une même voix face à la communauté internationale le génie centrafricain peut sauver notre pays
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