BASKETBALL INTERVIEW INÉDITE: GUY MAURICE LIMBIO . SES PERSPECTIVES POUR SON CLUB ZARASCLO ET UNE VISION GLOBALE SUR LE BASKETBALL EN CENTRAFRIQUE.

Publié le par TAKA PARLER

Guy-Maurice Limbio
Guy-Maurice Limbio

1) Bonjour M. Limbio, vous avez repris le club Zarasclo du mythique défunt avocat Assingambi Zarambaud en mars, cet héritage n'est il pas lourd à porter?


Bonjour la rédaction de Taka Parler

Il y a parfois des héritages qui vous honorent et celui la particulièrement, est une fierté pour moi de reprendre les reines d'une institution du Basketball centrafricain.

Maître Zarambaud Assingambi a énormément fait pour le Basketball, tant pour les sections féminines que masculine. Il m'est difficile de savoir si nous ferions aussi bien que lui. Continuer son oeuvre, reste un grand défi que mon équipe et moi s'attelons au quotidien. Je peux vous assurer que le train est en marche.


Depuis ma nomination en Mars 2015, ma première action a été de faire un état des lieux du club tant administratif, sportif, humain et financier pour étudier la meilleure stratégie à mettre en oeuvre, afin que le club retrouve son élan d'antan. Les conclusions de cet état des lieux seront présentés lors de notre future assemblée générale en Novembre prochain.

Il a par ailleurs fallu trouver des équipementiers capables d'accompagner le club dans son projet de co-construction sur une durée de 5 ans. Après plusieurs consultations, nous avions opté dès avril 2015 pour les partenaires suivants :

  • Peak : Pour les catégories masculines et Joma pour les catégories féminines en 2015.

Les seniors garçons, principale vitrine du club se sont classés 7ième sur 12, et n'ont pu participer au play-offs eu égard aux choix de tous les clubs en début de saison de faire un super 6 qu'un play-off basé sur les 8 premiers club du championnat. Nous avions appris à nos dépens que tous les matchs se jouent pour être gagné quelques soit les forces en présences. Nos deux défaites contre As Tongolo à l'aller comme au retour nous auront été fatal. Zarasclo a pris confiance en ces potentialités, et le club mettra tout en oeuvre pour pour figurer dans un meilleur classement la saison prochaine. J'en profite au passage, pour féliciter l'équipe New Tech qui est le nouveau champion de la ligue de Bangui et les responsables de la ligue qui s'efforcent à clôturer chaque année un championnat malgré les difficultés économiques que traverse le pays et le cruel manque de sponsor.

S'agissant de la section féminine, elle est en totale reconstruction. Le bureau a fait appels aux anciennes gloires pour venir renforcer les nouvelles afin de leur transmettre cette passion qui les ont animé tout le long de leur carrière. Cette participation a été très appréciée par le club, et nous espérons que les anciennes gloires participeront à la reconstruction du club en prenant des responsabilités dans les commissions ou le bureau exécutif de Zarasclo. Notre mission demeure maintenant de travailler avec tout le monde à condition que les membres actuels et /ou futurs respectent notre charte éthique : Véritable socle de notre association.

Un de nos obstacles majeurs aujourd'hui et pas des moindres reste la douane aéroportuaire qui ne cesse de taxer tous les convois de dotation destinés au club. Ces taxes représentent un poids financier non négligeable sur le budget de fonctionnement des clubs, qui font déjà des efforts colossaux pour équiper les athlètes. Pour Zarasclo, d'ici la fin de l'année 2015, cela représentera plus de 20% de notre budget. Nous avions écrit à notre ministère de tutelle pour qu'on puisse légiférer sur l’exonération des associations sportives en particulier les clubs de Basketball. Nous osons croire qu'une réponse appropriée sera apportée aux clubs de Basketball puis aux autres disciplines sportives très prochainement.


Les perspectives d'avenir sont avant tout :

  • Primo: Ramener Zarasclo a un statut de club formateur.
  • Secondo: Disposer de techniciens chevronnés à chacune des catégories.
  • Tierco: Équiper toutes les catégories selon les sections féminines ou masculines.
  • Quarto: Mettre en place une école de basket.
  • Quinto: Construire la salle d'entrainement du club: Véritable point de repère du club.
  • Sexto: Faire connaitre Zarasclo dans les 6 régions de la Centrafrique en promouvant le basket-ball dans l'arrière pays.
  • Septimo : Participer à des compétitions sous-régionales et internationales.

Objectif à 5 ans : Devenir champion en toute catégorie.

Objectif à court terme : Organiser notre assemblée générale extraordinaire et mettre en ligne le site Internet du club en Novembre 2015. Cette session d’échange avec les membres du club aura pour mission; d'expliquer la stratégie et les orientations que le club souhaite prendre aux membres et aux staffs, sans pour autant que cela soit des surprises pour les uns et les autres. La discipline, la rigueur et la gestion sur les résultats feront partie de nos engagements. Nous souhaitons offrir un espace à chacun pour que tout le monde soit récompensé de son effort à sa juste valeur.

Sur la précédente assemblée générale extraordinaire, mon souhait était de briguer un poste de vice-président de la fédération afin d' y apporter toute mon expérience tant organisationnelle, commerciale que sportive. Au dernier moment, ma candidature a été retirée par mon représentant suite aux désordres déjà existants lors de l'assemblée élective ponctuée d’irrégularités qui ont poussé Monsieur MAGEOT président, Monsieur NDINGATOULOUM vice-président et Madame KOLINGBA 2ième vice présidente. Sans adversaire notable, ces personnes ont été élues par acclamation et non par vote à bulletin secret, sachant que la fédération avait connu des remous importants suite aux malversations non encore élucidées à ce jour, et qu'ils avaient pour obligation de faire toute la transparence sur les dossiers scabreux qui pèsent comme une épée de Damoclès sur la tête de la fédération.

Me demander si je suis satisfait ? Je dirai Non, et ne serai certainement pas le seul si on demandait l'avis des autres présidents de clubs. La fédération fonctionne en totale autarcie et opacité, prenant les clubs comme des simples réservoirs à joueurs, et non des entités respectables. Pour exemple, les convocations en équipe nationale des joueurs où les clubs ne reçoivent jamais suffisamment tôt les convocations si on ne les réclame pas. Il n'existe aujourd'hui aucune clause entre la fédération et les clubs en cas de blessure d'un athlète. Ce sont les clubs qui assument toutes ces responsabilités, et cela n'est plus envisageable. Pour la nouvelle saison 2015 - 2016, il serait judicieux que ces problèmes soient réglés par des clauses incluant le délai d'indisponibilité et la prise en charge des athlètes en cas de blessure, avant le regroupement de l'équipe nationale.

Les raisons de ce cuisant échec sont avant tout organisationnelles. je citerai entre autre: Aucune charte éthique n'a été mise en place entre la fédération et les joueurs. Un comité d'organisation sans pouvoir. Un président omnipotent (Directeur technique et Sélectionneur). Un trésorier controversé, soupçonné de détournement durant l'Afrobasket 2013. Un secrétaire général totalement écarté.. Un vice-président incompris. Une vice-présidente piégée. Ajouté à tout ça, il y'a eu une méconnaissance réelle du niveau du Basketball centrafricain et sur sa situation administrative dans sa globalité en particulier sur les joueurs locaux et internationaux souvent abandonnés à leur propre sort administratif (Cas CISSOKO Amadou)

  • Gestion Financière Opaque :
    • Exemple les 35 Millions de FCFA offerts par la présidente de Transition,
    • Les frais de pénalités FIBA non réglés en totalité, alors que les fonds ont été décaissés : Seul 2000$ à été payé alors que 12000$ ont été décaissés
    • Grosse Interrogation sur les 14 000.000 FCFA alloués aux achats d'équipements sportifs
  • Problèmes récurrents des primes
    • La prime du chargé matériel pris localement non versée en totalité.
    • La prime d'assurance de Romain SATO non payée, devenue sujet à caution qui à poussé les joueurs à faire grève. Il y a des Interrogations sur les partenariats "Orange" et son Logo estampillé au détriment du sigle R.C.A devant les maillots. Il convient de noter l'absence de transparence financière de la gestion des deniers publics. Malgré les 144 Millions de FCFA donnés par l'état centrafricain pour un budget qui couvrait toutes les charges de 102 Millions et 660 Mille 440 FCFA, notre fédération est revenue avec des ardoises. Les principaux gestionnaires ont obligation de s'expliquer avec preuves à l'appui. Et si ces justificatifs ne convainquent pas, alors l’état se doit de diligenter une enquête même si cette volonté manifeste doit salir une carrière, car il s'agit avec tout de l'argent du peuple.

6) Pour votre première saison sportive en tant que président d'un club, quel est votre regard sur le niveau actuel de notre championnat de la ligue de Bangui?


La ligue de Bangui fait son maximum chaque année pour organiser le championnat toute catégorie confondue (Section masculine et féminine). Cependant tous les acteurs ne suivent pas toujours pour des raisons organisationnelles d'une part et économiques d'autre part qui ne permettent pas aux clubs de prendre plus de responsabilité. Pour exemple la formation ou le recyclage des coachs, arbitres et officiels de tables de marque (O.T.M). La valorisation de ces acteurs indispensables à la programmation et exécution d'une rencontre ne peut peser seule sur la ligue. Les responsabilités doivent être partagées entre la ligue, les clubs et la fédération. La rareté de la bonne compétence a complètement dénaturé la moralité et l'éthique autour de notre sport roi.

Sur les deux dernières années, La ligue a perdu 90% de ces jeunes talents qui vivent en France aujourd'hui. L'encadrement du réservoir resté à Bangui constitue une base expérimentale pour la mise en place d'une nouvelle politique autour du sport.Il nous faut résolument reconstruire en se basant sur les jeunes joueurs depuis la catégorie benjamine afin d'y inculquer les valeurs attendues de ce sport pour devenir un athlète de haut niveau tant localement qu'à l'international.

Notre ligue de basketball a besoin d'une deuxième division à tous les niveaux pour donner la possibilité à tous les athlètes de s'adonner à la pratique du basketball et relever le niveau de ce championnat. Certains athlètes, arbitres, coach et OTM peu aguerris et inexpérimentés ont besoin de temps de jeu pour s'affirmer et acquérir les bases à travers la répétition des matchs, des entrainements, des camps et recyclages. Cette approche ne réussira que par la volonté intrinsèque de tous les acteurs (Entreprise, Gouvernement, Clubs, Ligues, Federation) à mutualiser leur effort pour relever le basketball centrafricain. " On doit venir au basketball pour y apporter quelques choses et non pour attendre quelque chose "

Le cas Romain SATO est très particulier. Qu'on le veuille ou non, il reste une star du Basketball centrafricain en activité. Ses épisodes de "Participera ou ne participera pas" datent depuis des années où sa venue en équipe nationale a toujours suscité des remous jusqu'à cette année. Il est temps de tourner sa page pour n'éviter de susciter à chaque AfroBasket un intérêt autour d'une équipe en reconstruction. En 2015, Le ministre de la jeunesse et du sport et le président de la fédération se sont déplacés le voir en Espagne en compagnie d'Anicet LAVODRAMA et Max KOUGUERE. A ce jour, personne n'est au courant des discussions qui ont eu lieu, puisque, aucun rapport n'a été rédigé avec des actions à mener pour servir de base à la conditionnalité de sa venue. Donc les problèmes d'assurance mis en avant comme principale raison de sa non participation sont fantaisistes pour ceux qui ls défendent. En effet les problèmes d'assurance sont récurrents dans le Basketball moderne si ceux-ci ne sont pas réglés à temps, on finit par s'exposer à une telle dramaturgie. Sachant que cela fait partie d'une des conditions sine qua non et préalables à la venue d'un joueur star, ce problème doit être la priorité N°1. En choisissant d'utiliser ce dossier comme levier au décaissement des fonds de l'Etat, cela a rendu finalement l'exercice compliqué, sa venue avortée et un énième épisode de 2015 qui n'en fait pas exception. Il est temps pour la famille du basketball de s'asseoir et de tirer toutes les conclusions qui s'imposent.

Pour l'avenir, il appartient désormais à Romain SATO, icône du basketball centrafricain, de démontrer (S'il le souhaite) une énième fois son amour au Basketball Centrafricain qui lui a donné un avenir meilleur en consacrant tous ses efforts pour restituer ce que ce dernier lui a donné en commençant par son club formateur. Remette sur les rails son club formateur, le Red Star N'dongo Club, qui n'a même pas pris part au championnat cette année est une priorité. Avec tout ce qui se passe au pays et en particulier au Km5, il peut jouer un rôle dans le relèvement du Basketball dans cette zone souvent emprise à des incidents. Par son aura, il insufflera une nouvelle dynamique sportive et culturelle par diverses actions telles, qu'offrir une infrastructure sportive et des équipements dignes de ce nom à son club formateur. Le geste fait en Fevrier 2014 en faveur de la paix, est un pas qui ne peut s'arrêter en si bon chemin. Je l'encourage à perserverer même si l'exercice est périlleux. Qu'il fasse sa propre expérience que de passer par des personnes interposées qui ne peuvent pas porter le même message que lui.

8) Le gouvernement centrafricain vient de suspendre le financement des sorties sportives. Quel est votre avis sur la question ?

C'est une mauvaise décision hâtive prise sur le coup de la déception, la famille du basketball en particulier les clubs espère que le gouvernement reviendra aux meilleurs sentiments pour la survie et l'émancipation du sport chez nous. La jeunesse centrafricaine se retrouve une fois de plus pris en otage par les supposés criminels économiques qui ont sévit en toute impunité et l’état, principal actionnaire du sport qui a énormément de mal à auditer les sommes colossales qu'elle met à disposition des fédérations. Nous pouvons comprendre une telle décision, mais le monde du Basketball ne peut pas l'accepter. Il est vrai que les deux dernières sorties des Basketteurs ( Libreville et Tunis) ont été un cuisant échec par les résultats, parfois par la manière et par la gestion financière désastreuse.

A vouloir corriger l'Afro Basket 2013 comme leitmotiv pour atteindre les caisses de l’état, l'équipe dirigeante en 2015 a fait pire que 2013, alors que le pays traversait une crise a tout fait pour faire participer notre équipe dans les compétitions internationales. A voir comment est gérée l'instance et les subventions, il faut définitivement bannir ces vieilles us et leurs auteurs qui gangrènent notre Basketball. Notre famille en commençant par les clubs, doivent impérativement s'unir pour s'indigner de la manière dont la fédération est gérée aujourd'hui, et exiger qu'elle rende compte publiquement de ces deux derniers déplacements tant sportif, administratif et financier vu que ces voyages juteux ont été réalisés par des deniers publics.Les veilles habitudes où les ondes étaient utilisées pour ergoter comme moyen de se justifier sont désormais terminés car les paroles s'envolent mais seuls les écrits restent à condition que ceux-ci soient mis en ligne pour servir

En prenant comme levier la transparence, le monde du Basketball convaincra l'état de la bonne utilisation de la chose publique pour le départ de la reconstruction de notre sport roi.

TAKA PARLER NEWS

Publié dans Sports

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