CENTRAFRIQUE: LE KNK, DE LA SÉDUCTION À LA SÉDITION? PAR THEOPHILE EKA

Publié le par TAKA PARLER

THEOPHILE EKA II
THEOPHILE EKA II

La transition a-t-elle vraiment des problèmes de communication?

Lors du limogeage de la porte-parole de la présidence de cette transition, je titrais un de mes articles, « la transition a perdu sa voix, de toute façon, elle était inaudible »!
Il se passe des faits d’une extrême gravité, point on ne comprend le mutisme de nos autorités!
Dans les États de droits, la justice a un porte-parole, si ce n’est le procureur de la République qui organise des conférences de presse!

Je peux me tromper mais personnellement, je n’ai connaissance d’une communication gouvernementale au sujet de l’arrestation du compatriote BÉA Bertin, le Secrétaire Général du parti KNK de l’ancien président Bozizé (ce n’est, malheureusement pas la première fois)!

Notre quiétude nationale repose sur un volcan qui gronde et nous donne, à tout moment, des frissons.
Il est hautement souhaitable que la pilote SAMBA PANZA arrête des voltiges acrobatiques aux dessus de ces sombres nuages hautement toxiques!

Le défaut de communication laisse libre cours à des supputations de tous genres, ce qui heurte violemment le fin fil de notre tissu national!

Un de mes confrères, juriste de son état, écrivait à la présidente de la transition en ces termes « Nous osons espérer que l’intéressé qui ne constitue pas une menace à l’ordre public et qui n’a pas commis en flagrant délit des actes de nature à mettre en danger la paix et la sécurité intérieure encore moins une atteinte contre les institutions de la République car tout individu doit jouir de l’article 3 alinéa 3 de la Charte de Transition qui protège les citoyens contre les abus : <>

« Nous osons espérer », écrivait-il!

Seulement, mois, simple quidam, aux regards des dernières déclarations du sieur Bertin BÉA au sujet de la candidature du Président de son parti, je me demande s’il ne tombe pas sous le coup de la loi pénale?

Ma curiosité m’a amené à la lecture de définition du crime de sédition.

Selon le Wikipédia, « La sédition est synonyme d’instigation à l’émeute, à la révolte et au soulèvement contre la puissance établie. Dans nombre de pays anglo-saxons, il s’agit d’une qualification juridique faisant référence à des écrits, discours ou organisations qui sont considérés par la justice comme incitant à l’insurrection contre l’ordre établi ».

Poussant toujours les limites de ma curiosité, je me suis demandé si le sieur BÉA a tenu un (ou des) discours? Je vous laisse tout le loisir de répondre !Dans l’affirmative, étaient-il de nature à provoquer une émeute ou une insurrection contre l’ordre établi?

L’insurrection est là, de par les agissements des anti-balakas (je reviendrai sur les Sélékas)!
Dans un discours attribué au Président du KNK (non démenti, jusqu’ici), ce dernier s’est attribué la paternité de ce groupe insurrectionnel!

Faisant montre de cette curiosité qui me joue si souvent des tours, je constate, à mon corps défendant que Bozizé, l’homme dont le KNK réclame à cor et à cris son retour est sous le coup d’un mandat d’arrêt international et visé par des sanctions de l’ONU.

En plus, dixit le Ministre de la justice, « Bozizé est poursuivi par la justice centrafricaine pour de nombreux crimes de sang, des crimes économiques, des crimes contre l’humanité qu’il a commis lors de son passage à la tête du pays… »!

Concrètement, tant que l’acte d’accusation n’est levé, le KNK ne peut imposer la candidature de l’ancien chef de l’Etat, destitué!Tenir un discours dans ce sens et surtout dans le climat actuel est, à ne point en douter, un appel à la sédition.

Pendant les travaux du forum national, curieux que je suis, je me demandais pourquoi le KNK et les autres partis d’opposition n’avaient pesés de tout leur poids pour réclamer une amnistie pour le leader du KNK.Je ne suis pas adepte de l’impunité mais dans une démarche juridique, c’est par là que le KNK aurait dû commencer!

Par contre, demander que BOZIZÉ revienne pour se présenter aux élections relève du non-sens!!!

Sur le plan pratique, sa sécurité pendant la campagne ne sera pas garantie, du fait du traitement des candidats sur un même pied d’égalité, pendant la campagne le candidat BOZIZÉ ne bénéficiant plus de sa garde prétorienne d’antan, sera-t-il autorisé d’user d’une milice telles les antibalakas?

Ne serait-ce pas encore un facteur de trouble et de risque d’accrochage entre la Séléka, sinueuse mais encore présente?

Sur le plan juridique c’est, ni moins, ni plus, un affront à l’autorité de l’Etat et plus particulièrement à la justice centrafricaine et internationale!Cet homme se réclamant souvent de son mentor BOKASSA, ira-il jusqu’à épouser sa bravoure en se présentant incognito à l’aéroport Bangui-Mpoko pour affronter la justice?

De mémoire de Centrafricain, on n’a jamais vu un président destitué se faire investir par son parti politique pour une élection présidentielle!Kolingba et Patassé l’ont été après une amnistie présidentielle,les Touadéra et autres, même s’ils ne le disent haut, l’ont compris. C’est ce qui justifie la candidature du premier.

Depuis la destitution de Bozizé, le KNK, son parti politique est devenu membre de l’opposition, je me répète.Aussi, siérait-il à ses pairs, dans une optique d’apaisement et de réconciliation nationale de militer, ou du moins, faire entendre leurs voix pour un abandon des poursuites au pénal!
Si tel n’était le cas, on voit vraiment mal comment il pourra revenir et toute personne qui militerait pour ce retour, de par des actes, discours et écrits, risquent de remettre le feu aux poudres et, de ce fait se mettre sous le coup de la loi pénale!

Néanmoins, au-delà de ce développement, je suis tout de même désespérément effaré de la triste image que donnent les autorités de la transition de notre justice, du moins, de ce qu’il en reste!
Tristement surpris, je l’ai été, du point de presse de M. SOKAMBI, Ministre de la justice.

Comme écrivait l’autre, si Bozizé est attendu de pied ferme par le parquet de Bangui, qu’en est-il des autres accusés et criminels de grands chemins qui pillent nos villes et villages?

Qu’en est-il de la Séléka qui défie ouvertement l’autorité de l’Etat?

Qu’en est-il de l’impunité dont jouissent certains responsables de cette coalition qui se pavanent dans Bangui et même dans les hautes sphères de l’Etat ?

Pourquoi les flèches ne sont décrochées que contre BOZIZE ?

Ce sentiment de « justice à deux vitesses » ne semble pas être fait pour ramener la paix !

THEOPHILE EKA

Publié dans Société

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